Identité africaine américaine et représentations des personnages biracial à travers les séries télévisées états-uniennes Black-ish et Happy Together 

Stéphane Partel

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Stéphane Partel, « Identité africaine américaine et représentations des personnages biracial à travers les séries télévisées états-uniennes Black-ish et Happy Together  », Archipélies [Online], 10 | 2020, Online since 15 December 2020, connection on 10 December 2024. URL : https://www.archipelies.org/916

Cet article se propose d’analyser la question de l’affirmation de l’identité africaine américaine dans et par le discours de personnages qui se retrouvent sur le devant de la scène, à travers les séries télévisées. Ces personnages qui appartiennent à la communauté africaine américaine sont connus en anglais sous l’appellation biracial, terme qui fait allusion à leur double appartenance sur le plan ethno-racial.
Deux séries récentes qui sont connues du grand public permettent de mieux entrevoir la façon dont est mise en lumière l’identité et l’altérité des personnages dit biracial dans le contexte états-unien. La première, Happy Together, diffusée sur CBS et créée en 2018 par Austin Earl et Tim McAuliffe met en scène les acteurs Damon Wayan Jr. et Amber Stevens qui incarnent un couple d’Africains Américains trentenaires issus de la classe moyenne.
Le second exemple est le feuilleton Black-ish qui aborde la question identitaire à travers l’existence et les péripéties d’une famille africaine américaine où se côtoient trois lignées de personnages intergénérationnels, vivant dans une banlieue aisée. À travers ces deux feuilletons qui sont des comédies de situation, comment ces deux personnages interagissent-ils avec les membres de leur communauté ? Comment se manifeste leur identité ? Comment se manifeste la question de l’ethnicité et de la singularité de ces personnages ? Qu’apporte la comédie et le traitement par l’humour de questions parfois épineuses qui renvoient à la situation complexe des Africains Américains au sein de la société états-unienne ? Comment ces productions télévisées rendent-elles compte de la complexité de cette communauté qui n’est pas monolithique ?

This article aims to analyze the question of the affirmation of African American identity in and through the discourse of characters who find themselves in the spotlight, through television series. These characters belonging to the African American community are known as "biracial", a term that refers to their biracial identity.
These two recent series, which are known to the general public, provide a better insight into how the identity and otherness of so-called "biracial" characters is highlighted in the American context. The first, entitled
Happy Together and broadcast on CBS, was created in 2018 by Austin Earl and Tim McAuliffe and features actors Damon Wayan Jr. and Amber Stevens as a middle-class African-American couple in its thirties.
The second example is the
Black-ish series, which addresses the question of identity through the existence and adventures of an African American intergenerational family living in a wealthy suburb where three generations of characters live side by side. Through both sitcoms, how do these two characters interact with the members of their community? How does their identity manifest itself? How does the issue of the ethnicity and uniqueness of these characters manifest itself? What does comedy and the humorous treatment of sensitive issues that refer to the complex situation of African Americans in American society bring? How do these television productions reflect the complexity of this community that is not monolithic?

Introduction

Cet article est basé sur un corpus d’épisodes extraits de la série de Happy Together diffusée en automne 2018 et traitera de la saison 2018-2019 de cette sitcom. Nous traiterons également des épisodes extraits des six saisons de Black-ish, dont le premier épisode a été lancé à l’automne 2014. Diffusées respectivement sur les réseaux télévisés CBS et ABC, les séries télévisées Happy Together et Black-ish appartiennent au genre particulier des comédies de situation. Ces séries télévisées tournées en grande partie en intérieur et dans les studios qui appartiennent aux réseaux télévisés, sont regardées par les téléspectateurs américains et le grand public vivant à l’étranger depuis plus d’une soixantaine d’années.

En dépit du succès croissant des séries dramatiques qui ont gagné de nombreuses parts de marché, les sitcoms attirent les téléspectateurs de façon quotidienne. Ces comédies continuent à divertir le grand public et proposent des situations cocasses et nouvelles à chaque épisode. Si les personnages demeurent inchangés, chaque épisode permet aux équipes de scénaristes et aux producteurs de mettre en scène de nouvelles situations qui tiennent les amateurs de sitcoms en haleine pendant plusieurs saisons. Les rires préenregistrés ou ceux des spectateurs qui assistent aux tournages, ponctuent chaque situation, geste ou bon mot des personnages qui font preuve d’un grand sens de la répartie. Le montage dynamique et la présence de plusieurs caméras qui suivent les réactions des acteurs, leurs expressions faciales, leurs entrées et sorties sur le plateau de tournage, constituent des conventions de la sitcom.

Il convient de préciser que les comédies de situation Happy Together et Black-ish, ne sont pas le fruit d’une génération spontanée. Elles s’inscrivent dans le continuum des sitcoms qui proposaient des représentations de personnages africains américains. Norman Lear1, producteur exécutif, créateur de séries télévisées et personnalité de la télévision américaine, fut à l’origine de la série Good Times qui de 1974 à 1979 contribua à la visibilité des Africains Américains sur le petit écran. Il fut à l’origine de la création du feuilleton The Jeffersons qui de 1975 à 1985 permit au grand public d’être témoin des aventures de la famille Jefferson, issue de la nouvelle classe moyenne supérieure africaine qui évoluait dans un nouvel environnement après avoir quitté son quartier d’origine.

Ensuite, de 1984 à 1988, The Cosby Show connut un succès sans précédent aux États-Unis et sur le plan international ; bien que la famille Huxtable, elle aussi issue de la classe moyenne supérieure africaine américaine, semblait bien éloignée de la réalité sociologique des Africains Américains urbains de l’Amérique des années Reagan. Toutefois, ces sitcoms démontrèrent aux grandes chaînes de télévision et à leurs producteurs exécutifs influents, qu’il était possible de captiver le grand public avec des histoires mettant en scène des personnages issus de la communauté noire.

Il est à noter que le travail crucial d’écriture et de scénarisation n’était pas réalisé par des écrivains de la communauté noire. De 1990 à 1996, la sitcom The Fresh Prince of Bel Air obtint un vif succès auprès de la jeunesse et popularisa la culture urbaine africaine américaine telle qu’elle était représentée par Will Smith, acteur débutant et artiste de rap à l’époque. Andy et Susan Borowitz furent à l’origine de la création de ce feuilleton qui popularisa avec humour le choc culturel que vivait The Fresh Prince, originaire d’un quartier difficile de Philadelphie, quand il entra en contact avec sa famille qui vivait dans le luxueux quartier de Bel Air à Los Angeles.

C’est à l’orée du 21e siècle que les scénaristes et créateurs écrivains africains américains furent davantage associés au développement de sitcoms qui narraient les aventures et péripéties de personnages issus de leur communauté. À titre d’exemple, la série My Wife and My Kids (Ma famille d’abord) marqua un véritable tournant dans l’écriture de sitcoms représentant des familles noires. L’acteur, réalisateur et producteur Damon Wayans, jouait le rôle principal du père qui devait élever deux adolescents parfois rebelles et fourbes ainsi qu’une fille beaucoup plus jeune. En tant que co-créateur de la sitcom, ce dernier s’impliqua activement dans le développement et l’écriture du feuilleton.

Sur le plan théorique et conceptuel, le choix de deux sitcoms qui permettent de traiter de l’affirmation identitaire dans et par le discours, s’inscrit dans le domaine de l’étude des créations issues de la culture populaire en tant que discours construits sur l’identité dans le contexte social états-unien. Cette approche est utilisée par un certain nombre de chercheurs aux États-Unis, dont Joanne Morreale, critique et historienne des médias, qui exerce les fonctions de Professeur Associée à Northeastern University. En 2003, cette dernière a publié un ouvrage dédié à l’analyse des sitcoms intitulé Critique the Sitcom. Elle y explique que la télévision en général et les comédies de situation en particulier peuvent être envisagées comme étant des discours construits dans un contexte précis, émis puis reçus qui exercent une influence sur ceux qui les regardent :

« La télévision, comme toutes les formes de discours social, aide à façonner non seulement les croyances, les valeurs et les attitudes, mais aussi les subjectivités, le sens que les gens ont d’eux-mêmes et leur place dans le monde. Elle dépeint les relations sociales “appropriées” et “inappropriées”, définit les normes et les conventions, fournit le “bon sens”, la compréhension et articule les préoccupations et les inquiétudes qui définissent un moment historique particulier. Les comédies de situation, en particulier, sont centrées sur les relations au sein de la famille, sur le lieu de travail et dans la communauté ; ce faisant, elles expriment les tensions idéologiques qui marquent certains moments sociaux et historiques. Les comédies de situation abordent des idées et des questions importantes dans des cadres narratifs apparemment inoffensifs, et leur analyse peut nous aider à rendre compte de la complexité et des complications liées à la production et à la réception de la culture populaire » (Morrealle 2003 : 45-46).

Comme l’explique Joanne Morreale, les sitcoms peuvent être considérées comme des fictions qui laissent entrevoir certaines réalités sociologiques et identitaires propres à la société états-unienne. L’approche de Joanne Morreale est proche de celle de John Fiske, qui sous l’influence des cultural studies anglo-saxonnes, envisage la télévision comme un texte porteur de discours dans le domaine social et identitaire à travers son ouvrage intitulé Reading television. Selon lui, la télévision propose un discours sur les relations sociales et les perceptions culturelles :

« C’est pourquoi le discours télévisé nous présente quotidiennement une version constamment actualisée des relations sociales et des perceptions culturelles. Son propre message répond à l’évolution de ces relations et de ces perceptions, afin que le public prenne conscience des choix multiples et de sa façon de voir dans l’avenir. » (Fiske 2003 : 27).

Nous pouvons donc envisager les sitcoms comme des éléments significatifs liés aux débats qui agitent la société états-unienne. Ces comédies font peu à peu place à des personnages biraciaux. L’étude attentive de ces comédies de situation nous permettront de répondre aux questions suivantes :

  • Comment les personnages interagissent-ils avec les membres de leur communauté ?

  • Comment se manifeste leur identité ?

  • Comment la question de l’ethnicité et de la singularité de ces personnages se manifeste-t-elle ?

1. Définition du personnage biracial : enjeux du terme « biracial »

Par souci de clarté et afin de délimiter les contours de cette étude dédiée aux personnages dits biraciaux qui jouent des rôles de premier plan dans les séries télévisées Happy Together et Black-ish, un effort de définition et de contextualisation s’impose.

En premier lieu, le terme « biracial » est utilisé afin de rendre compte d’une réalité propre à la société américaine au sein de laquelle se définissent comme biraciaux les Américains dont les parents sont issus de deux groupes ethniques différents. Le dictionnaire américain The Merriam-Webster Dictionnary, dans l’édition de janvier 2016, définit l’adjectif « biracial » comme étant ce qui « concerne ou implique des membres de deux races », et le nom dérivé de celui-ci est désigné comme le fait d’« avoir des parents issus de deux races ».

Même si la définition semble simpliste, celle-ci pose un certain nombre de questions dans une société toujours divisée par la donnée raciale. De plus, le sujet se complexifie quand nous étudions les personnages biraciaux des sitcoms dont l’un des parents est africain américain et l’autre euro-américain. D’autre part, il est possible que les téléspectateurs de culture française considèrent ces personnes biraciales comme étant métissées, mais le point de vue de la société états-unienne diffère à bien des égards, pour des raisons socio-historiques liées à la règle de la one drop rule2 mise en place par les Etats du Sud à la fin du 19e siècle.

Au-delà de l’aspect socio-historique lié à la construction de la notion de race aux États-Unis, nous pouvons également traiter de la question des personnes biraciales en adoptant une perspective originale qui met en relief leur place au sein de leur groupe ethnique d’origine. À ce sujet, l’ouvrage de Nikki Khanna intitulé Biracial in America, qui traite de la question complexe des Américains biraciaux, permet de mieux saisir les enjeux identitaires auxquels ces personnes sont confrontées dans la communauté noire.

Elle explique leur situation en ces termes :

« L’identité raciale (et les attributs externes de la race) auront probablement des répercussions profondes et importantes sur la vie d’une personne, mais la façon dont les personnes biraciales s’identifient peut aussi avoir des effets au-delà des implications personnelles ; les identités peuvent aussi avoir des répercussions sur les communautés raciales auxquelles elles appartiennent. La façon dont les Américains biraciaux issus de couples mixtes noirs et blancs s’identifient, a sans doute des répercussions sur l’ensemble de la communauté afro-américaine. » (Khanna 2011 : 29).

Cette précision de Nikku Khanna, sociologue et professeur associée à l’Université du Vermont, est utile car souvent la perspective qui est privilégiée dans les fictions est celle des relations et conflits entre Africains Américains biraciaux et la société états-unienne. Nous noterons que jusqu’aux années 1990, peu d’études scientifiques étaient consacrées à ces personnes issues de la communauté noire aux États-Unis. Aux yeux du grand public, la prise de conscience de l’existence réelle d’une composante biraciale au sein de la communauté noire prit la forme d’un entretien télévisé de Tiger Woods avec Oprah Winfrey diffusé le 24 avril 1997, dans lequel ce dernier considérait l’appellation politiquement correcte africaine américaine comme limitée, car selon lui, ce terme ne prenait pas en compte les multiples composantes de son identité. Si l’existence d’un débat chez les individus biraciaux aboutit, lors du recensement de l’année 2000, à la possibilité de cocher plusieurs cases dans la rubrique dédiée à la race et aux origines ethniques, il convient de nuancer ce mouvement car au sein d’une société marquée par le fait racial, les Africains Américains biraciaux sont avant tout considérés comme des Africains Américains.

L’exemple connu de tous est celui de l’élection de l’ancien président Barack Obama, lui-même biracial. L’année 2009 fut avant tout considérée comme celle de la première entrée en fonction d’un président africain américain en dépit des articles qui faisaient allusion à une éventuelle Amérique post-raciale compte tenu des origines de l’ancien président des États-Unis. Nous noterons que l’arrivée au pouvoir d’un Africain Américain biracial coïncida également avec l’apparition de représentations de plus en plus nombreuses de personnages biraciaux, notamment au sein des médias3. Les sitcoms Black-ish et Happy Together contribuent également à cette tendance dans laquelle s’inscrit la télévision américaine.

2. Les personnages biraciaux de Happy Together et Black-ish

La sitcom Happy Together est basée sur le vécu de son créateur, Ben Winston, producteur et réalisateur de vidéo-clips et d’un documentaire dédié au groupe anglo-irlandais One Direction. Ben Winston a hébergé de manière temporaire Harry Styles, le chanteur vedette du groupe. Cette période transitoire durant laquelle Harry Styles cherchait à se cacher des paparazzi et à vivre une existence anonyme et tout à fait conventionnelle, a finalement duré dix-huit mois. Ben Winston et sa femme ont eu du mal à le laisser quitter leur domicile. Cependant, en tant que sitcom, Happy Together constitue un récit largement romancé qui s’inspire de cette période de dix-huit mois. À travers les entretiens accordés à la chaîne CBS et aux différents médias américains, ce dernier a précisé qu’en tant que créateur de la sitcom et producteur exécutif, il avait souhaité qu’un couple d’acteurs non issus de sa communauté d’origine joue le rôle du couple. Ben Winston justifie ce choix en expliquant que l’acteur africain américain Damon Wayans Jr et l’actrice Amber Stevens West, qui est elle-même biraciale, intéresseraient davantage les téléspectateurs qu’un couple en tout point semblable à Ben Winston et sa femme.

Le premier épisode de la série présente le couple de jeunes trentenaires qui regarde la télévision avant que le chanteur Cooper James, un client du mari, ne fasse irruption dans leur maison située dans une banlieue aisée. Le mari de Claire travaille dans le domaine des relations publiques et gère la comptabilité de Cooper James. Même si Claire ne fait pas allusion à son identité biraciale dans les épisodes, celle-ci est exposée de façon implicite. Dès la troisième scène du premier épisode, ses parents qui forment un couple mixte font irruption quand ils apprennent que des photos de leur fille en compagnie de Cooper James circulent sur les réseaux sociaux. Bonnie, la mère de Claire, qui est euro-américaine, est omniprésente en compagnie de Gerald son mari, qui est africain américain. Ces derniers forment un couple de retraités qui apparaît comme fusionnel.

L’identité biraciale de Claire est davantage suggérée et, à partir du deuxième épisode, nous constatons des détails minimes qui impliquent que cette dernière a vécu au contact des cultures de ses deux parents. Au moment où Jake et Claire se débarrassent de leurs objets personnels dans le deuxième épisode afin de nettoyer le grenier dans lequel dort leur hôte, les objets dont se débarrasse cette dernière sont très proches de la culture euro-américaine, à savoir des objets d’inspiration gothique qui ont marqué ses années d’études et toute une série de souvenirs comme des affiches, des tickets de concert, une poupée et des albums de rock gothique. Hormis ces quelques détails, à aucun moment Claire ne semble se démarquer de son mari sur le plan identitaire. En tant que téléspectateurs, nous voyons à l’écran un couple africain américain de la classe moyenne. Toutefois, nous noterons que dans la version originale, l’accent de l’acteur Damon Wayans Jr, qui joue le rôle de Jake, et celui de Claire, semblent tout de même différents. Nous sentons à l’évidence que cette dernière parle un anglais beaucoup moins marqué sur le plan ethnique et cet accent correspond tout simplement à celui de l’actrice Amber Stevens West, elle-même issue d’un couple mixte.

Cependant, à aucun moment Claire ne semble rejeter son identité africaine américaine ou militer pour la reconnaissance de ses origines mixtes, qui sont visibles par l’intermédiaire de l’omniprésence de ses parents. Les conflits qui apparaissent au fil des épisodes entre la mère de Claire et Jake son beau-fils ne sont pas liés à l’identité ou à un quelconque préjugé des deux personnages.

Le quatrième épisode qui voit Claire contracter la grippe, nous permet de savoir que ses parents sont des médecins à la retraite. Les situations qui sont vécues par les personnages ne donnent pas lieu à un discours sur l’identité de la part de Claire. Celle-ci vit son identité de façon spontanée sans discuter de la question raciale. Le ton employé par le personnage féminin reste politiquement correct. La fin de la première saison voit Claire quitter son poste de décoratrice de restaurants et de bars pour créer son entreprise. En tant que femme, cette dernière se heurte au plafond de verre et souhaite créer son entreprise. Ce détail revêt toute son importance dans le dixième épisode, car aux États-Unis, de plus en plus de femmes africaines américaines créent leur entreprise4.

Si l’image et le discours de l’actrice Amber Stevens West mettent si peu l’emphase sur la notion d’identité, c’est tout simplement parce que le sujet principal de la sitcom est le mariage. Nous noterons que malgré le ton politiquement correct de la série et l’absence de prise de risque quant au sujet de la race, question qui divise les Américains, la chaîne CBS n’a pas souhaité renouveler sa confiance à Ben Winston, créateur de Happy Together. La concurrence des sitcoms sur les autres chaînes et le regain d’intérêt du public pour les séries dramatiques ont eu raison de Happy Together.

Si Happy Together était une série politiquement correcte dans laquelle l’identité ethnique ne jouait pas un rôle prépondérant, le titre même de la série Black-ish, basé sur un néologisme, dénote une volonté manifeste de placer la couleur, l’identité noire et l’identité ethnique au centre de la sitcom. Black-ish se démarque de toutes les autres sitcoms où figuraient des personnages africains américains par son irrévérence, sa propension à traiter de problématiques telles que le racisme, le préjugé de couleur au sein de la communauté noire ou les relations de la communauté avec les forces de l’ordre. Après cinq années sur la chaîne ABC, la sitcom n’a pas édulcoré son contenu. Le créateur Kenya Barris y traite de son expérience personnelle et de celle de ses enfants. Ayant été marié à une femme médecin et lui-même scénariste, producteur et créateur de sitcoms à succès, il a souhaité démontrer que la communauté africaine américaine des années 2000 voyait son identité changer, notamment avec les jeunes issus de couples mixtes et ceux qui vivent dans des quartiers de la classe moyenne supérieure et qui ne sont pas au contact de la culture de leurs parents africains américains. Dans une langue colorée, chatoyante où abondent les jurons et autres remarques cinglantes sur les différentes communautés vivant aux États-Unis, cette sitcom reflète la complexité des Noirs aux États-Unis. Le personnage biracial est également une femme, jouée par Tracee Elliss Ross (fille de la chanteuse, comédienne et femme de spectacle Diana Ross). Tracee Elliss Ross est issue d’un couple mixte et incarne le Docteur Rainbow5 Johnson, femme chirurgienne brillante. Elle est également l’épouse de André Johnson6, surnommé Dre et mère de Andre Johnson Junior, Jack, Diane, Zoey et de Devante, dernier né de la famille surnommé Young Dre. Sous le même toit vivent trois générations de la communauté africaine américaine car ses beaux-parents Ruby et Pops, qui sont séparés, résident chez les Johnson.

En premier lieu, Rainbow se définit comme une femme africaine américaine et quand son mari lui rappelle qu’elle est biraciale, celle-ci lui démontre que s’il l’a épousée, c’est parce qu’elle possède bien les attributs physiques d’une femme issue de leur communauté. Durant les deux premières saisons, nous remarquons que face aux vues très tranchées de Dre sur l’identité, le racisme ou l’éducation des enfants selon les valeurs de la communauté noire, Rainbow, selon une structure que l’on retrouve durant les deux premières saisons de la sitcom, intervient toujours dans la deuxième partie de l’épisode pour expliquer que les opinions d’André Johnson sont issues du passé et ne correspondent plus à l’Amérique des années 2000. Sa présence rééquilibre le discours général de la série et modère les excès de son mari.

Cependant, une situation inattendue nous permet d’assister au questionnement de Rainbow quant à son identité biraciale. Ce doute et ces questions sont soulevés lors de la troisième saison, quand Dre Junior présente sa première petite amie à ses parents. Contrairement à son mari qui aurait pu critiquer son fils mais accepte la petite amie de ce dernier, Rainbow a beaucoup de mal à accepter la liaison de son fils avec une jeune euro-américaine. Cet épisode lui permet de verbaliser ses craintes et elle explique à son mari que sa méfiance et ses craintes proviennent de son histoire personnelle. Cet épisode lui permet de parler de la difficulté qu’éprouvent certaines personnes biraciales dans des situations qui peuvent leur rappeler des souvenirs personnels. C’est après avoir fait face et résolu ses sentiments mêlés et ses insécurités, qu’elle peut accepter la petite amie de Dre Junior.

Contrairement à la sitcom, qui est parfois vulgaire et permet aux personnages de s’affronter à l’aide d’un nombre considérable d’insultes, c’est avec délicatesse que Rainbow et son mari abordent les problèmes auxquels Rainbow a été confrontée dans son enfance et sa jeunesse.

Dans le premier épisode de la cinquième saison, quand leur fils Dre Junior, pris d’une crise de panique, retourne chez ses parents alors qu’il est sensé commencer sa première année d’études au Morehouse College, institution universitaire africaine américaine prestigieuse, André et Rainbow sont atterrés et ne comprennent pas que leur fils refuse d’avoir accès à l’enseignement supérieur, ce que de nombreux jeunes de son âge aimeraient pouvoir s’offrir. Finalement, Dre Junior passera une année sabbatique chez ses parents en essayant de trouver un emploi. Dans cet épisode, Rainbow agit comme médiateur et apaise son mari qui accepte que Junior ne se sente pas prêt à rejoindre l’université. Face à un mari qui a parfois une vision réductrice et binaire des rapports inter-ethniques, Rainbow tente de relativiser et de lui faire comprendre les évolutions récentes de l’Amérique ; cependant, la conception d’une Amérique au sein de laquelle la couleur ne jouerait plus un rôle déterminant, se heurte à la réalité, quand son mari voulant faire du zèle en tant qu’auxiliaire de police dans le quartier, va voir des jeunes africains américains pour leur demander de baisser le volume de leur sonorisation. André est lui-aussi contrôlé par la police et doit justifier du fait qu’il habite dans le quartier. Ces expériences montrent à Rainbow que malgré sa grande tolérance, la couleur et l’appartenance ethnique jouent un rôle déterminant aux États-Unis. Lors de la quatrième saison, le premier épisode est consacré à la déclaration officielle de l’abolition de l’esclavage du président Lincoln. À cette occasion, Rainbow et sa famille abordent le thème de la liberté et de la problématique de l’esclavage.

Nous noterons que Rainbow conçoit son rôle de mère et de femme au sein d’une société où chacun devrait sortir de l’entre-soi et développer des relations avec d’autres communautés. Lors du dix-septième épisode de la quatrième saison qui a été réalisé par Eva Longoria, les jumeaux Jack et Diane font la connaissance de leurs cousins et cousines qui constituent la composante euro-américaine de leur famille.

La fin de la quatrième saison s’éloigne des problématiques identitaires et approfondit la relation entre André et Rainbow. Leur mariage s’étiole peu à peu et ils se séparent. Ainsi André vit dans une superbe maison et Rainbow tente bien que mal de s’occuper seule de sa famille. Ces trois épisodes de la quatrième saison, qui n’étaient pas basés sur le comique de situation, ont déconcerté quelques téléspectateurs qui ne retrouvaient pas le ton humoristique des précédentes saisons. Hormis cet intermède qui laissait planer le doute sur un divorce éventuel, dès la cinquième saison, Black-ish a repris son ton irrévérencieux et ses problématiques de prédilection. En Mai 2019, la chaîne ABC a renouvelé son contrat pour une saison avec les créateurs de Black-ish et signé un contrat pour un spin-off7 (nouvelle série basée sur un personnage secondaire issu de la première série).

La sitcom Happy Together, qui était politiquement correcte, et ne traitait pas de la question identitaire et raciale a été annulée, tandis qu’après 6 saisons, Black-ish a conquis le cœur des téléspectateurs. Cette popularité a été marquée en 2017 par l’obtention d’un Golden Globe pour le rôle de Rainbow, joué par Tracee Ellis Ross, elle-même femme biraciale. Toutefois, l’utilisation de jurons, quelques séquences de nudité floutées ou l’utilisation du « n-word » ou mot nigger, ont divisé les critiques et le grand public. Certains n’ont pas hésité à taxer Kenya Barris de raciste, mais le Golden Globe de Tracee Ellis Ross atteste de la popularité de cette sitcom. Depuis le mois d’octobre 2019, deux épisodes du spin-off Mixed-ish, ont été diffusés sur ABC et placent la question de l’identité mixte au cœur de la culture populaire.

3. Affirmations identitaires et nouvelles familles africaines américaines à travers la sitcom Black-ish

Au-delà du personnage de Rainbow, la sitcom Black-ish illustre les problématiques auxquelles sont confrontées les nouvelles familles africaines américaines aux États-Unis. L’un des premiers enseignements tirés du feuilleton Black-ish est le suivant : l’identité africaine américaine n’est pas monolithique et les trois générations qui vivent sous le toit de Rainbow et André reflètent bien trois positionnements distincts quant à l’affirmation identitaire.

En premier lieu, les grands-parents Ruby et Pops ont connu la période de la discrimination raciale et ont élevé leurs fils dans le ghetto de Compton. En tant qu’aînés, ces derniers ont vécu dans un tout autre contexte sociologique et sont quelque peu surpris de constater que leurs petits-enfants n’ont pas de lien direct avec la culture de leurs parents. Pops, le grand-père, joué par l’acteur Laurence Fishburne, est celui qui se chargera de rappeler à son fils André ce qu’était l’éducation à son époque. Il interviendra également auprès de son petit-fils Junior afin de lui inculquer de façon pédagogique la conscience du chemin parcouru par sa communauté. Pops est en quelque sorte le gardien de la tradition mais sa vision de l’identité ethnique et de la communauté noire reste empreinte des stigmates de la ségrégation raciale. À titre d’exemple, lorsque son petit-fils refuse de rester à l’université, il lui signifie très clairement que seuls les Blancs riches peuvent se permettre de passer une année sabbatique et cette déclaration est reprise par tous les autres membres de la famille.

Néanmoins, c’est Ruby, la grand-mère issue de l’ancienne génération, qui comprendra son petit-fils, le traitera en homme et respectera la première son choix de passer une année sabbatique en famille. Les Johnson en tant que famille sont confrontés aux questions qui touchent la communauté noire aux États-Unis, non seulement sur le plan identitaire mais également dans des domaines tels que la santé, la religion et la spiritualité, le mariage et la sexualité de leurs enfants.

Il existe, très clairement, un fossé générationnel sur ces questions entre les grands-parents, leurs enfants et leurs petits-enfants. Aux yeux de Ruby, la religion et l’église noire font partie de l’existence de tout africain américain, et elle baptise sa petite fille de façon clandestine. André et Rainbow s’obligent à assister à des offices religieux avec des voisins blancs et ils les invitent à leur tour à assister à un office religieux dans une église noire qu’ils ne fréquentent pas assidûment.

Ces situations permettent aux créateurs de la série, scénaristes et acteurs, de s’illustrer à travers des situations plus improbables les unes que les autres. En tant que chef de famille, André se trouve parfois pris entre l’héritage familial, ses velléités militantes et la réalité de l’entreprise dans laquelle son poste à responsabilités lui impose des compromis. Il prend aussi en compte la vision plus conciliante de son épouse. Ces réflexions figurent au début de chaque épisode et avant la fin de chaque histoire, dans une narration qui indique comment il intègre son héritage familial et identitaire et s’adapte aux réalités du 21e siècle.

À titre d’exemple, il est celui qui permet à sa mère d’accepter le fait que sa petite sœur appartient à la communauté LGBT et va épouser une femme. Il se montre à cet égard beaucoup plus tolérant et n’hésite pas à inviter la compagne de sa petite sœur à dîner avec sa famille.

Les petits enfants quant à eux, vivent une situation beaucoup plus complexe et paradoxale. En effet, ces derniers n’ont pas de contacts directs avec la culture africaine américaine et leurs camarades et amis ne sont pas Africains Américains. Ils ont parfois du mal à s’identifier à la communauté noire. Dès le premier épisode de la première saison, André se donne pour mission de leur faire découvrir leurs origines. Mais à travers des situations cocasses où il tente de leur faire rencontrer des jeunes issus de leur communauté, il comprend finalement que l’identité ne s’impose pas. À travers les épisodes, certaines situations imprévues permettent à ses enfants de vivre l’expérience commune aux Africains Américains au sein de la société états-unienne. Aurélie Blot, enseignante chercheuse à l’université à l’IUT Bordeaux Montaigne, a approfondi la thématique des sitcoms à travers son ouvrage intitulé 50 ans de sitcoms américaines décryptées, de I Love Lucy à Desperate Housewives, la représentation de la famille dans les family sitcoms depuis les années 1950. Elle explique comment les sitcoms, qui ne sont pas la réalité, parviennent à mettre un scène une certaine réalité de l’Amérique :

« En effet, la représentation de la réalité dans une fiction va être plus ou moins altérée par l’interprétation des auteurs et des producteurs, ce qui crée une vision de la réalité plus ou moins réaliste, parfois aux antipodes de notre représentation d’une réalité partagée mais l’expression d’une appréciation personnelle de la réalité, ce qui en fait un objet fictionnel unique. C’est la raison pour laquelle le visionnage d’une fiction demande au téléspectateur de faire preuve de bonne volonté et d’accepter toute sorte de représentations de la réalité. » (Blot 2013 : 273).

Selon les éléments apportés par Aurélie Blot, depuis six saisons, Kenya Barris et Antony Anderson, qui joue le rôle principal d’André Johnson, ont développé un univers fait de discussions profondes sur l’identité africaine américaine, entrecoupées de scènes ou les stéréotypes raciaux abondent. À titre d’exemple, Pops le grand-père et André, décident de montrer à Junior comment doit se comporter un homme noir quand passe une jeune femme aux courbes généreuses. Ces derniers l’emmènent dans un parc et s’assoient sur un banc afin de lui montrer comment regarder une telle femme. Cette scène ne fait que renforcer l’image des hommes noirs comme ayant un appétit sexuel débordant, mais quand Junior grandit et devient adulte dans la sixième saison, c’est lui qui fait l’éducation de son père et lui inculque les valeurs du nouveau féminisme, et lui explique comment un homme devrait se comporter avec une femme dans les années 2000.

Peu d’observateurs auraient pensé que Black-ish parviendrait à séduire un large public, mais le traitement de la question identitaire à travers une famille intergénérationnelle représentative de la diversité, avec le personnage biracial de Rainbow, a connu un vif succès.

Conclusion

En premier lieu, les trajectoires paradoxales de Black-ish et Happy Together ne peuvent qu’attirer l’attention des observateurs attentifs. Après un début somme toute prometteur à l’automne 2018, Happy Together n’a pas réussi à trouver son public. Nous noterons qu’à la fin des années 2010, les sitcoms et les séries télévisées en général font preuve d’irrévérence et n’hésitent pas devenir transgressives. Sur le papier et en toute objectivité, Happy Together portée par des acteurs talentueux et des scénaristes expérimentés, aurait dû s’imposer sur CBS, mais au fil des mois, la chaîne a vu son audience diminuer de façon très sensible. La grossesse de l’actrice Amber Stevens était anticipée par les créateurs qui avaient adapté le scénario de la comédie de situation pour intégrer cet élément. La concurrence dans le domaine des séries télévisées et le fait que les téléspectateurs s’orientent de plus en plus vers les plateformes de streaming, pourraient constituer des explications, mais ces arguments ne semblent pas suffisants. De façon objective, le grand public apprécie les acteurs biraciaux et les familles africaines américaines depuis plus d’une trentaine d’années. Le couple incarné par Jake et Claire aurait donc dû plaire aux jeunes téléspectateurs.

En revanche, Black-ish, qui a été vivement critiqué en 2014 pour son parti-pris provocateur et ses références constantes au racisme de la société états-unienne, ne semblait pas convenir aux goûts du grand public. D’ailleurs, un article du Guardian indique que l’ancien président américain et son successeur Donald Trump ont formulé des avis divergents à propos de Black-ish8. Donald Trump a jugé la sitcom comme étant raciste et l’ancien président Obama s’est dit tout à fait intéressé par la perspective proposée par Kenya Barris au sujet de la question identitaire. En dépit de son succès, Black-ish divise une société qui n’a pas encore résolu la question des rapports inter-ethniques et doit encore faire face à l’épineuse question noire qui ressurgit de façon chronique dans un débat politique marqué par l’excès et la démagogie.

L’étude de la série Black-ish démontre que les interactions entre membres de la communauté africaine américaine appartenant à des générations et milieux sociaux différents, demeurent tout de même complexes. Leur communauté ne forme pas un bloc monolithique qui partage les mêmes vues sur les questions identitaires. D’autre part, nous avons pu constater que plusieurs identités africaines américaines se manifestent à travers la sitcom. La génération née après le mouvement pour les droits civiques incarnée par les petits-enfants, n’affirme pas son identité de la même façon que les grands-parents. Les parents quinquagénaires et quadragénaires que sont André et Rainbow, souhaitent à la fois un avenir fait de tolérance et de relations inter-ethniques apaisées pour leurs enfants, mais face à l’optimisme du personnage biracial féminin, André évoque toujours le principe de réalisme.

L’identité biraciale de Rainbow n’est pas sur-jouée et elle constitue le sujet principal d’un seul épisode, mais elle est évoquée par son mari de façon condescendante.

Si cette sitcom qui a été développée pendant six saisons, a donné lieu à la création d’une spin-off telle que Mixed-ish c’est que la question identitaire suscite l’intérêt du public. En dépit des excès, des caricatures et du recours à la vulgarité à travers les injures, les propos non politiquement corrects et le recours aux stéréotypes, la famille Johnson, dans ses débats, ses contradictions et ses doutes, ressemble aux familles américaines. Cette sitcom qui raconte l’histoire d’une famille de façon quotidienne est appréciée par des familles qui au-delà du statut social ou de la couleur, parviennent à s’identifier aux Johnson qui tentent de maintenir une certaine unité familiale et essaient de concilier les exigences de leurs carrières respectives et les attentes de leurs enfants, tout en tenant compte de l’avis des aînés pour qui l’Amérique du 21e siècle semble bien différente de celle qu’ils ont connue.

Les deux sitcoms qui ont fait l’objet de cette étude, démontrent l’existence de multiples déclinaisons de l’identité africaine américaine, et elles ont dans leurs sphères respectives contribué à la visibilité des Africains Américains biraciaux. Elles s’inscrivent également dans le continuum des représentations des Africains Américains sur le petit écran.

1 Pour plus de détails, consulter Campbell, 2007 : 24-38

2 Dans le Sud des États-Unis, au sein d’une société esclavagiste puis ségrégationniste, la one drop rule ou « règle de la goutte unique », signifiait

3 Les personnalités telles que le rappeur J Cole, l’ancien joueur de football américain Colin Kaepernick, les chanteuses Faith Evans et Alicia Keys

4 Rhinehart, Charlene, September 23, 2018, « The State of Black Women-owned businesses » Black Enterprise Magazine, September 2018.

5 Nous noterons ici le symbolisme du nom Rainbow signifie arc-en-ciel.

6 André est cadre supérieur dans une agence publicitaire très influente à Los Angeles et exerce les fonctions de vice-président dans le secteur du

7 Nous noterons que ce spin-off s’intitule Mixed-ish et a pour thème central les familles biraciales.

8 Pour plus de détails, consulter l’article de Khaleeli 2017

Blot, Aurélie, 50 ans de sitcoms américaines décryptées de I Love Lucy à Desperate Housewives, la représentation de la famille dans les family sitcoms depuis les années 1950, Paris, L’Harmattan, 2013.

Blot‬, Aurélie & Pichard, Alexis, Les séries américaines : la société réinventée, Paris, L’Harmattan, 2013.‬

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Curtin, Michael, The American Television Industry, London, Palgrave Mac Millan, 2009.‬

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Washington, Scott Leon, Hypodescent : A History of the Crystallization of the One-drop Rule in the United States, 1880-1940, Princeton NJ, Princeton University Press, 2011.

1 Pour plus de détails, consulter Campbell, 2007 : 24-38

2 Dans le Sud des États-Unis, au sein d’une société esclavagiste puis ségrégationniste, la one drop rule ou « règle de la goutte unique », signifiait qu’une seule goutte de « sang noir » faisait d’une personne un Noir. Elle est également connue sous le nom de « règle de l’ancêtre noir unique », certains tribunaux l’ont appelée « règle de la quantité traçable », et les anthropologues l’appellent « règle de l’hypo-descendance », ce qui signifie que les personnes racialement mixtes se voient attribuer le statut du groupe subordonné. Pour davantage d’informations, consulter l’ouvrage de Scott Leon Washington, Hypodescent : A History of the Crystallization of the One-drop Rule in the United States, 1880-1940, Princeton University, 2011

3 Les personnalités telles que le rappeur J Cole, l’ancien joueur de football américain Colin Kaepernick, les chanteuses Faith Evans et Alicia Keys sont biraciales mais se considèrent comme africaines américaines.

4 Rhinehart, Charlene, September 23, 2018, « The State of Black Women-owned businesses » Black Enterprise Magazine, September 2018.

5 Nous noterons ici le symbolisme du nom Rainbow signifie arc-en-ciel.

6 André est cadre supérieur dans une agence publicitaire très influente à Los Angeles et exerce les fonctions de vice-président dans le secteur du marché urbain.

7 Nous noterons que ce spin-off s’intitule Mixed-ish et a pour thème central les familles biraciales.

8 Pour plus de détails, consulter l’article de Khaleeli 2017

Stéphane Partel

Université des Antilles, stephane.partel@univ-antilles.fr

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