Black Lives Matter ou le combat face aux legs culturels racialisés

Freddy Marcin

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Freddy Marcin, « Black Lives Matter ou le combat face aux legs culturels racialisés », Archipélies [En ligne], 13 | 2022, mis en ligne le 30 juin 2022, consulté le 28 mars 2024. URL : https://www.archipelies.org/1184

Les morts tragiques d’Africains-Américains victimes de violences policières ont forgé la plateforme de revendications du mouvement Black Lives Matter. Dans le cadre de cette étude, un parallèle culturalo-historique et mémoriel sera dressé entre les périodes esclavagiste, ségrégationniste et contemporaine, au travers des différents combats menés contre la déshumanisation du Noir afin de montrer la perméabilité des siècles aux préjugés raciaux. Ce constat permettra de conceptualiser ce que nous nommons les legs culturels racialisés, qui traitent de la force de la transmission de la culture raciale, empêchant ainsi les groupes ethniques différents de vivre ensemble.

The tragic deaths of African American victims of police violence have forged the platform for the Black lives matter movement. In this article, a cultural-historical and memorial parallel will be drawn between slavery, segregation and modern times by highlighting the various battles waged against the dehumanization of Blacks in order to show the permeability of centuries to racial prejudice. This observation will make it possible to conceptualize what we call: racialized cultural legacies which deal with the force of the transmission of racialized culture which ultimately prevents different ethnic groups from living together.

Introduction

Travyon Martin, Eric Garner, Michael Brown, Philando Castile, Tamir Rice et George Floyd (parmi tant d’autres) sont devenus les visages et porte-drapeaux posthumes de la lutte contre les violences policières et globalement d’un système de négation des droits à la vie des Africains-Américains au travers d’un processus de déshumanisation et de stigmatisation raciale historique et systémique.

Pleinement ancré dans un mouvement de contestation, le mouvement Black Lives Matter se trouve alors dans la digne lignée du Civil rights movement mené par Martin Luther King jr suite aux arrestations de Claudette Colvin (1955) et, neuf mois après, de la mère des mouvements civiques, Rosa Parks, devenue le symbole de toute une cause et de la réaffirmation d’une identité considérée comme inferieure en raison de discours préétablis hérités de la période esclavagiste. À la seule différence que l’implication physique des marches et des sit-ins des années 60 a évolué vers l’hashtag et l’engagement digital /dématérialisé.

Les causes des luttes menées hier et aujourd’hui demeurent similaires, même si les stratégies sont différentes. En effet, au-delà des dimensions performatives, les acteurs impliqués ont cherché à repenser les histoires et identités face aux représentations imposées par des narrations exogènes, eurocentrées, dévalorisantes et infériorisantes, telles que décrites dans les travaux de la triade des études postcoloniales (Said, Spivak et Bhabha), dans l’optique de montrer que le « subalterne » peut parler, pour répondre à la question rhétorique de Spivak.

Ce mouvement lancé aux États-Unis, est multivectoriel et déterritorialisé dans la mesure où son esprit de contestation se répand dans les anciennes colonies (francophones et anglophones) avec le retrait et la destruction des statues de Schœlcher en Martinique ou de Christophe Colomb aux Bahamas (2021), mais aussi au travers de la contestation des figures des États confédérés aux États-Unis. Dans le cadre de cet article, il n’est pas question d’étudier le mouvement Black Lives Matter sous l’angle de la globalisation et de la force procurée par les réseaux sociaux. Ici, histoire, mémoire, race(ialisation) et culture sont examinées afin de conceptualiser les legs culturels racialisés à l’aide d’un schéma explicatif en traitant de la force de la perpétuation historique des stéréotypes derrière les actes racialisés. Cette force est conçue ici comme l’ennemi contre lequel se sont battus les leaders des années 60 et ceux de la mouvance Black Lives Matter de nos jours.

1. Black lives matter : immersion dans une plateforme de revendications

La littérature traitant du mouvement Black Lives Matter – BLM – considère le décès de Travyon Martin du fait d’un officier de police et le verdict non coupable qui a suivi, comme étant le catalyseur émotionnel du mouvement. Cependant, J. Douglas Allen-Taylor (2017) démontre qu’avant l’émergence à proprement parler du BLM, il y a eu des manifestations plus ou moins similaires à la suite de l’assassinat d’Oscar Grant par un policier à Oakland en 2009 (Allen-Taylor 2017 : 22). La nouvelle mouvance BLM serait selon lui un « second front ». Pour appréhender le mouvement, il étudie les méthodes employées par ses actrices et acteurs et propose donc une chronologie partant de la manifestation collective déclenchée par l’assassinat de ce jeune noir (Oscar Grant) puis des vagues successives de rassemblement qualifiées de « désobéissance civile », une stratégie inspirée du mouvement historique des droits civiques.

Dans l’analyse d’Allen-Taylor, l’accent est mis sur l’impact des rassemblements et notamment sur le changement dans l’attitude des leaders politiques vis-à-vis de la police, et de la police envers la population noire. Afin de saisir les acquis du mouvement, Allen-Taylor confronte les conclusions de différentes études : d’une part les données issues du département de police d’Oakland [OPD], qui montrent une diminution des incidents ayant recours à la violence (Allen-Taylor : 23), et d’autre part, celles de l’université Stanford qui concluent que les hommes afro-américains étaient plus susceptibles d’être fouillés et menottés que les Blancs lors d'un contrôle routier à Oakland (p.24)

Les arrestations répétées de Noirs ont poussé Arnold (2017) à explorer le « BLM effect », une sorte d’empowerment qui permettrait à toutes les personnes noires de se positionner face au racisme institutionnel, comme Colin Kaepernick, qui n’a pas hésité à mettre sa carrière en péril en protestant genou à terre durant l’hymne national à l’occasion de matchs de football. Arnold mentionne Alicia Garza, figure fondatrice du mouvement, qui expliquait lors d’une interview en 2014, la manière dont le mouvement – qui avait pour point de départ une affaire judicaire – a dépassé ce cadre pour demander un réel changement sociétal de réévaluation de la vie des Noirs.

Par ailleurs, un lien historique est fait entre la mouvance BLM et le Black Panther Party, notamment dans les thèmes abordés, tels que l’éducation et la fin de la violence policière. Arnold soutient que le mouvement BLM est fréquemment considéré comme un nouveau mouvement pour les droits civiques (Arnold : 10). Cependant, les deux mouvements divergent dans le sens où ils ont pris naissance dans des contextes socio-politiques différents. En effet, le Black Panther Party est né en réponse aux logiques pacifistes du mouvement des droits civiques et dans un contexte de décolonisation en Afrique et dans la Caraibe, alors que la mouvance BLM a émergé en réaction aux violences policières, dans un contexte de politiques néolibérales préjudiciables aux Noirs.

Dans le même ordre d’idées, Morris (2021) dresse un parallèle entre la tragique histoire d’Emmet Till, tué en 1955 dans le Mississippi pour avoir interpellé une femme blanche dans la rue, et celle de Travyon Martin – ainsi que les acquittements des instigateurs qui avaient causé la rage de la communauté noire au cours des années 50-60 et celui de George Zimmerman à l’origine du mouvement BLM. Il revient sur les changements intervenus au sein de la société depuis le mouvement pour les droits civiques, notamment après l’adoption du civil rights act en 1964 et du voting rights act en 1965, soit en l’espace de dix ans de mobilisation. Cependant, malgré ces avancées notables, ces mouvements sociaux continuent d’être vus comme des mouvements de foule, conformément à la « théorie du comportement collectif » (Morris 2021).

Morris offre une historiographie des lois ségrégationnistes Jim Crow niant les droits des Noirs en prenant comme exemple la décision de la cour Suprême de 1857 dans l’affaire Dred Scott, soutenant que le fait d’avoir vécu dans un État libre ne donnait pas droit à une personne asservie d’être libre. Cette analyse démontre la continuation historique de la négation des droits des Noirs. À plus d’un titre, nous rejoignons son analyse sur la perméabilité des strates temporelles des mouvements de contestation face à l’oppression débutée sur les négriers, comme nous le montrerons dans la figure ci-après. Par ailleurs, son analyse met en lumière le combat de Parks, soutenu par the Women’s Political Council et Jo Ann Robinson, lesquels ont rendu visible la contribution de celle-ci par le biais de brochures, soulignant donc l’importance de la communication et de la couverture médiatique à cette époque. Avec l’avancée technologique depuis le début des années 2000, cette couverture se fait désormais sur les réseaux sociaux, grâce au pouvoir mobilisateur de l’hashtag.

L’analyse de Morris nous renseigne sur « la théorie de la mobilisation des ressources » développée en 1977 par John McCarthy et Mayer Zald, selon laquelle la mobilisation de ressources financières avait un rôle plus important pour la création d’un mouvement et sa pérennité que l’existence de revendications. Elle nous renvoie aussi à la « théorie du processus politique » (Gamson, Tilly et McAdam, 1998), qui soutient que certains groupes n’ayant pas accès au pouvoir politique se voient dans l’obligation de s’organiser en mouvement prônant la désobéissance civile pour faire valoir leurs intérêts.

Cependant, Morris s’inscrit dans le paradigme de « la théorie de la perspective indigène », qu’il a lui-même conceptualisé. Dans cette perspective, il soutient que la création du mouvement émane des communautés opprimées, de leurs revendications, histoires et forces créatives. Cette théorie semble être la plus pertinente dans le cas du mouvement BLM car elle cherche à comprendre le rôle des sentiments de la communauté opprimée dans la mise en œuvre d’une action collective.

La mouvance BLM s’inscrit aussi dans une dynamique de revendication du droit à la parole qui est nié. De plus, Chada (2017), au travers de démonstrations et de définitions du droit à l’expression, montre que cette donnée doit être revue car des militants ont été arrêtés suite à une manifestation dans les rues de Londres en 2016. Son analyse met en exergue le caractère déterritorialisé et international d’un mouvement né aux USA. Pour que la liberté d’expression prenne toute son ampleur, soutient-il, les paroles de l’orateur doivent avoir un écho. C’est donc là toute la prégnance du mouvement ayant pour slogan « la vie des Noirs compte ». Ce cri de ralliement, ayant pour but la reconnaissance de la valeur de la vie des Noirs, appelle à un changement qui ne pourra, dans une certaine mesure, s’opérer que lorsque les groupes historiquement en présence se départiront des legs culturels racialisés hérités du passé.

Sur la même ligne argumentaire de comparaison des mouvements sociaux, Clayton (2018) a proposé une analyse comparative du mouvement BLM et des mouvements des droits civiques, en évaluant les points suivants : a) messages inclusifs et exclusifs, b) style de leadership, c) cadrage des problèmes et d) couverture médiatique. Pour Clayton, il y a un lien indéniable entre l’esclavage, la ségrégation et la situation des Noirs à l’heure actuelle. En revanche, il s’est limité à l’étude de deux ans de couverture médiatique des deux mouvements : (le BLM, de 2014 à 2016 et le mouvement pour les droits civiques, de 1960 à 1962). Ses conclusions sont remarquables. Il affirme que le message des années 1960 était celui de l’intégration. Par ailleurs, en ce qui concerne l’organisation interne, le mouvement pour les droits civiques était basé sur un modèle hiérarchique, traditionnel et masculin. À l’inverse, l’organisation du BLM est basée sur un modèle décentralisé donnant au leadership féminin une place prépondérante. De surcroît, certains détracteurs affirment que leur message est anti-police, soulignant donc une contradiction ou déviation par rapport au message d’intégration du mouvement des années 1960.

De plus, la comparaison invite à étudier les émeutes raciales de Ferguson et de Baltimore à la lumière des différentes interprétations du discours de Martin Luther King et de son héritage dans le débat public autour des actions du BLM, à l’instar de l’analyse de McDonald (2016). D’autres travaux vont plus loin dans la comparaison, en invoquant l’impact de l’esclavage sur la façon dont les Africains-Américains sont traités de nos jours, ainsi que la question de la réparation par rapport à ce crime historique et la façon dont l’histoire de l’esclavage est enseignée et montrée dans la sphère médiatique (Ribianszky 2021).

L’expérience de Solomon Northup (Parfait et Rossignol 2014), démontre également que la notion de liberté des Noirs était illusoire du temps de l’esclavage car les Noirs, mêmes libres, vivaient dans une Amérique au sein de laquelle le système établissait une distinction de traitement en fonction de l’appartenance raciale et sociale. Cette dialectique d’illusion de liberté est encore présente actuellement. En effet, les membres de la communauté noire doivent avoir un comportement exemplaire, au-delà de tout soupçon, pour éviter les ennuis judiciaires et la violence du système carcéral étasunien (Alexander 2012).

Les préjugés raciaux inhérents au système esclavagiste ont un impact considérable sur le plan judicaire et donc sur la vie des Noirs dans l’Amérique post-droits civiques. Dans l’ouvrage From the #Black Lives Matter to Black Liberation : Racism and Civil Rights (2016) recensé par Martin-Breteau (2017), Keeanga-Yamahtta Taylor, maîtresse de conférences au département d’études africaines-américaines de l’Université de Princeton, a étudié à son tour le mouvement Black Lives Matter sous l’angle du marxisme noir.

Cette recension met en exergue l’analyse de Taylor, qui explore la situation socioéconomique de la population noire à la lumière du racisme institutionnel, « faisant des forces policières le bras armé de la classe dominante au pouvoir » (Martin-Breteau 2017 : 176). Qui plus est, K.-Y. Taylor propose une archéologie croisée des idées d’« exceptionnalisme américain », de « culture de la pauvreté » et de « colorblindness » pour montrer comment les mesures antidiscriminatoires promulguées dans années 1960 ont permis de justifier un discours considérant la persistance des inégalités sous-tendues par la différence raciale comme la conséquence du « mode de vie déviant d’individus s’excluant d’eux-mêmes d’une société désormais fondamentalement méritocratique » (Martin-Breteau : 176), voire indifférente aux différences phénotypiques.

Nous rejoignons le constat paradoxal dressé par Célestine et Martin-Breteau (2016), en prenant en considération l’élection historique de Barack Obama – preuve d’une Amérique sur la voie du post-racialisme – et la naissance sous son régime du mouvement BLM, considéré comme l’un des plus importants mouvements noirs de contestation depuis les années 1960. Ces derniers se sont penchés sur l’organisation décentralisée du mouvement, mettant en relief une structure en réseau horizontal permettant la multitude des voix, comme l’indiquent aussi Linscott (2017), Gadet (2018), Konadu et Gyamfi (2021). De plus, Célestine et Martin-Breteau mettent en exergue le caractère intersectionnel du mouvement en renvoyant aux travaux de Kimberlé Crenshaw de 2005.

À la lumière de l’historiographie du mouvement et des cas de violences policières envers les jeunes noirs américains, ils constatent, tout comme Taylor (2016) et Ribianszky (2021), que le phénomène de traitement inégal n’est pourtant pas nouveau : « depuis l’esclavage, la violence des forces de l’ordre constitue un trait structurant l’histoire africaine-américaine » (Celestine et Martin-Breteau 2018 : 17). Enfin, la grande originalité du mouvement BLM se reflète dans la nouveauté des concepts ou slogans employés. En plus du concept traditionnel de « racisme institutionnel », les acteurs du mouvement BLM emploient des concepts tels que « racisme d’État » et « violence d’État », soulignant de fait l’implication systémique des instances étatiques dans la perpétuation des préjugés et violences à l’encontre des Noirs (Célestine et Martin-Breteau, 2016).

La mise en perspective de la naissance du mouvement BLM et de la victoire d’Obama, pousse également à examiner l’articulation de la notion centrale de race aux États-Unis. Caroline Rolland-Diamond (2020) considère la symbolique de la victoire d’Obama comme l’avènement d’une « Amérique post-raciale », un pays réconcilié avec lui-même, ou les divisions raciales et le racisme ne constituaient plus un obstacle à l’ascension sociale » (Rolland-Diamond :131). Par ailleurs, elle estime que les critiques à l’égard d’Obama, notamment concernant sa couleur, soit trop noir soit pas assez, étaient le témoin « d’une pensée racialiste [qui] continuait d’occuper les inconscients ou les consciences. » (p.132). Elle mentionne également la posture d’Obama, qui s’affirme comme le président de tous les Américains, mais c’est sous son mandat qu’est né ce que les chercheurs David Theo Goldberg et Eduardo Bonilla-Silva appellent successivement le « racisme neoliberal » et le « racisme sans racistes », un racisme diffus, indirect, qui tait son nom et ne mentionne pas la « race » (Rolland-Diamond :136).

Le racisme, qu’il soit néolibéral, culturel ou institutionnel, implique une mise en opposition des différents groupes. Gafney (2017) considère que le meurtre de Travyon Martin a été un véritable tournant dans sa vie car c’est à cette occasion qu’elle a compris que les Noirs n’étaient pas considérés comme des humains. Elle interroge la logique binaire dans l’imagination des colons lors de la mise en perspective de la whiteness face à la blackness. Toutefois, les logiques binaires n’évoluent pas seulement au travers d’une opposition Noir/Blanc mais aussi homme/femme. Pour preuve, Lindsey (2015) soutient que l’histoire se focalise sur le rôle des leaders hommes et hétérosexuels dans les mouvements sociaux, sans faire mention des homosexuels et des femmes militantes. Elle traite d’une oblitération historique des femmes noires, des personnes queer et des personnes trans des mouvements militants (Lindsey : 233). Elle évoque le concept de Black violability, qui peut être décrit comme construction traitant à la fois des expériences de la communauté noire et de la violence d’État (Lindsey : 234).

L’impact du passé et de la mémorialisation sur les interactions sociales interethniques, est d’une importance capitale dans le cadre de cette étude sur le mouvement BLM. Au travers d’une perspective historique, Gadet (2018) démontre que la violence envers les Noirs a toujours été présente dans l’histoire des Africains-Américains et bien documentée à travers les œuvres cinématographiques, littéraires et scientifiques. Il s’est particulièrement intéressé aux dynamiques qui ont donné naissance à ce mouvement, qui s’inscrit dans la lignée des combats historiques pour la re(valorisation) des Noirs aux USA ainsi que sur la prégnance de la définition même de ce slogan devenu universel. D’un point de vue historique, Gadet fait le constat que toutes les émeutes raciales aux États-Unis ont singulièrement débuté par ce qu’il appelle « une rencontre malheureuse entre des policiers et des Africains-Américains » (p.3) Il fait aussi mention du rapport Ferguson de 2015, mettant en exergue que les Noirs étaient de manière disproportionnée victimes de préjugés raciaux émanant de l’administration.

Dans ce panorama des différentes conceptions du BLM, l’on peut enfin évoquer les diverses branches du mouvement, notamment Black Lives Matter Network (BLMN) pour établir un réseau de communication entre toutes les différentes organisations. Le BLMN est devenu en 2017, Black Lives Matter Global Network Foundation. Ces changements structurels seraient liés à la baisse de popularité du mouvement, à sa dépolitisation, poussant certains membres à exiger plus de démocratie dans les orientations et les stratégies de lutte du mouvement (Konadu et Gyamfi 2021).

Pour finir cette immersion dans les caractéristiques et les revendications des BLM, la pandémie invite aussi à considérer les relents de racisme hérités de l’esclavage et leur impact sur la sphère sanitaire actuelle (Garcia et Sharif 2015 ; Crooks et al. 2021). En effet, le racisme en tant que phénomène historique et condition sociale est un facteur essentiel pour comprendre les problèmes de santé affectant la communauté noire. Bon nombre de travaux font néanmoins une distinction non négligeable entre les concepts de « race » et de racisme, deux termes étroitement liés d’un point de vue étymologique, sémantique et historique. Dans cette perspective, Henkel et al. (2006) précisent que le racisme inclut les préjugés, les stéréotypes et la discrimination, tandis que la « race » est aujourd’hui appréhendée comme une construction sociale, et donc est moins employée pour souligner une certaine dichotomie raciale.

L’épineuse question de la mort de George Floyd ainsi que les rapports discordants suite à son autopsie, amènent à réfléchir sur le poids historique des préjugés raciaux sur les évènements récents, les violences policières dans l’Amérique post-droits civiques. (Crawford-Roberts et al. 2020). En 2020, des médecins réunis en tribune ont abordé le gaslighting, qu’ils décrivent comme une stratégie insidieuse s’insinuant dans la psyché et détruisant la perception de la réalité. Ils ont donc pris en exemple la dynamique médiatique et judicaire susceptible de persuader les personnes ayant regardé la vidéo de la mort de Floyd, que ce qu’elles avaient vu ne reflétait en rien la réalité factuelle. Le fait de rendre coupable la victime, et dans le cas de Floyd, en énonçant que son hypertension était la cause principale de sa mort, permet ainsi aux autorités de mettre de côté le racisme structurel1, alors que le rapport des docteurs engagés par la famille conclut à un homicide. Cette divergence des rapports médicaux en fonction de la communauté raciale, sociale et politique dont ils émanent, souligne l’importance des pouvoirs de la perpétuation des préjugés raciaux.

Cette section s’est proposée de faire un état lieux des caractéristiques et des thèmes de prédilection du mouvement Black Lives Matter sur différents plans (identitaire, racial, économique), l’objectif étant de souligner que la stigmatisation du Noir a débuté dès la période esclavagiste durant laquelle des êtres arrachés à leur terre africaine ont été catégorisés comme des sous-hommes, créant ainsi un fossé culturel et historique entre eux et la catégorie détentrice du pouvoir, les Blancs anglo-saxons.

2. Distanciation raciale et mémorielle

La littérature récente concernant l’émergence du BLM, son impact et les comparaisons possibles avec d’autres mouvements historiques, met en exergue une dévaluation historique du Noir, le reléguant à une catégorie sociale, économique et raciale inférieure. Le Noir aux États-Unis a longtemps été catégorisé comme « Autre », en opposition avec les caractéristiques définitoires de la communauté blanche anglo-saxonne. Cette dialectique est intéressante dans la mesure où elle nous permet de comprendre comment ces entités raciales en présence se construisent dans une relation antagoniste.

Tout individu se construit par rapport à l’Autre. C’est lors de ce processus binaire qu’il apprendra à se connaître et à faire la différence entre son être et celui d’autrui, ainsi débute sa socialisation. Il prendra conscience de son appartenance à un groupe donné. Cet antagonisme lui permettra de se définir et de comprendre les caractéristiques mentales et physiques qui le différencient de l’Autre. En raison de cet antagonisme nécessaire à la définition du Soi, le Noir est placé à l’orée de la société étatsunienne et est resté pendant longtemps cet Autre. L’Autre est particulièrement ambivalent car il nous est vital pour exister mais nous ne voulons pas lui ressembler. C’est ce que Rocchi (2006) appelle Othering et que nous traduisons par processus d’autruïsation : « qu’est-ce que faire l’expérience de l’Autre veut dire pour notre impossible rapport racial ? » Faire l’expérience de l’Autre serait ainsi selon ce dernier un jeu voué à l’échec, d’autant plus que la race demeure insaisissable.

L’Othering est une expression significative mettant en lumière le sentiment du Blanc envers le Noir, qu’il ne considère pas comme faisant partie intégrante de la même communauté. Cet être noir est considéré comme un être à part, un être autre. Il existe un nombre important de travaux dans le cadre des études post-coloniales qui ont abordé la question de l’Othering, cette mise en miroir infériorisante d’un être qui n’est pas soi mais qui plonge au cœur d’une réflexion sur un être profond et une identité propre. L’Othering de l’être noir est caractérisé par cette infériorisation léguée par les diktats de l’esclavage, du système ségrégationniste et des lois Jim Crow, mais également à travers les vocables de mise sous silence ou de privation de la parole par une mise à mort de l’Autre, pour reprendre un terme familier à Rocchi dans l’ouvrage L’objet identité : épistémologie et transversalité (2006). Cette dialectique fait appel à des notions philosophiques essentielles telles que la conscience et le désir.

La race, cette force intrinsèque, intérieure, existentielle, mais mal connue, incomprise, incompréhensible et insaisissable, nous échappe. C’est cependant par rapport à ce désir de saisissabilité que nous caractérisons celui qui est Autre de par sa couleur et sa culture. Cet autre est caractérisé par une dialectique ambivalente de désir et de rejet, d’envie et de violence, de vie et d’anéantissement. Ce n’est qu’au travers d’une expérience véritable, non théorisée, que l’on pourra entrevoir les rapports entre Soi et l’Autre, sans que ces derniers soient marqués par des diktats langagiers, totalitaires ex/inclusifs.

La nominalisation et la stigmatisation d’un autre être comme étant l’Autre, créent des problèmes existentiels, conflictuels et territoriaux, comme le démontre la violence envers les Africains-Américains. Un autre concept permettant de comprendre les logiques de constitution de la dichotomie raciale définissant la force des legs culturels racialisés, est celui de disposability, employé par Giroux (2006) dans son étude sur l’impact de l’ouragan Katrina sur la communauté africaine-américaine, en faisant un parallèle entre les victimes de l’ouragan en 2005 et Emmet Till. Sa réflexion sur le terme de disposability – caractère de ce qui est jetable et accessoire – s’inscrit fortement dans la dialectique binaire de centre/marge au travers de laquelle le centre, le noyau de la société, serait le mainstream America, les descendants du White Anglo Saxon Protestant, et la marge serait intrinsèquement constituée des descendants d’esclaves, aujourd’hui les Noirs américains.

Par le biais de ce concept, on suppose que la population africaine-américaine existe par sa non-existence. Elle peut exister tant qu’elle ne se fait pas voir. Cette population est littéralement réduite au silence par des diktats ségrégationnistes qui la placent en marge de la société. La stigmatisation raciale l’enferme dans une sphère pernicieuse, source de victimisation et de stéréotypes racialisés. En effet, les Noirs en Amérique ont historiquement été considérés comme des êtres autres, en surplus, utilisés dans les champs pour leur force physique mais indignes d’être traités comme des hommes à part entière, ne se voyant octroyer un semblant de vie que lorsqu’ils étaient utiles. Cette expression de « mort vivant » employée par Giroux (2006), montre bien le caractère pernicieux et latent du devenir des Africains-Américains. Cette expression donne à réfléchir car elle cristallise la force de la biopolitique de la disposability, qui en raison du caractère in/utile d’une population, dictera les schémas de vie ou d’annihilation de cette dernière.

L’Othering et la disposability combinés, permettent de saisir le vortex mémoriel de la puissance de la transmission des préjugés raciaux concernant le Noir à travers les siècles. Le Noir, durant l’esclavage, la ségrégation, suite à Katrina et lors des interpellations, les profilages raciaux dans les années 2010, a toujours été considéré comme cet Autre négligeable. Comprendre le traitement différentiel dont il fait l’objet aujourd’hui revient à s’interroger sur comment ce statut de sous-homme a continué à imprégner les rapports interethniques malgré les avancées démocratiques et les mesures correctives en matière de justice sociale.

3. Les legs culurels racilisés : vers une conceptualisation

La période esclavagiste, les mouvements pour les droits civiques et les dix dernières années avec l’émergence du BLM, recèlent de nombreuses convergences en termes de revendications mais aussi d’éveil intellectuel et de modes d’action. Alors que près de quatre cents ans séparent le mouvement abolitionniste et le BLM, les revendications semblent être les mêmes. En effet, ces mouvements se sont illustrés par une demande significative de l’arrêt des violences corporelles et les mauvais traitements infligés aux Noirs à l’époque esclavagiste, et aujourd’hui, les violences policières répétées dans l’Amérique supposée égalitaire. Au cœur de ces mouvements se trouve une véritable demande de reconnaissance du Noir comme être à part entière. Comme vu précédemment avec le concept de disposability, la vie des Noirs aux États-Unis, à cause de ces logiques de domination et de mécanismes de racialisation, n’a jamais pu compter autant que celle de la majorité blanche.

L’histoire démontre que les siècles ont été perméables à la violence envers les Noirs, du temps de l’esclavage puis les lois Jim crown, du procès Plessy VS Ferguson en 1896, du meurtre de Till, de l’arrestation de Parks en 1955 et à l’heure actuelle, des interpellations et interventions meurtrières que subissent des hommes et femmes noirs. Les voix des grands orateurs et défenseurs au parlement britannique se sont élevées contre cela, comme celles de Granville Sharp (1735-1813), William Wilberforce (1759 -1833) et Thomas Clarkson (1760-1846) pour contrer les logiques systémiques inhérentes à l’institution esclavagiste, mais aussi les travaux de Booker T. Washington (1856-1915) et W.E.B Dubois (1868-1963) concernant la réalité des Noirs aux États-Unis souffrant des politiques discriminatoires, ont été des piliers d’un mouvement de conscientisation. Cet esprit de lutte contre un système d’anéantissement du Noir se retrouve à l’heure actuelle dans les écrits exposant les inégalités raciales comme l’ouvrage de Michele Alexander, The New Jim Crow: Mass Incarceration in the Age of Colorblindness, ou encore le rapport Ferguson de 2015.

Il est à noter que malgré la dichotomie temporelle, les modes d’action sont les mêmes au travers de campagnes de sensibilisation, à la seule différence que les cris de ralliement, les messages sur les pancartes deviennent plus visibles grâce à l’essor des réseaux sociaux. Il est aussi important de noter le rôle central des femmes comme porte-paroles du mouvement, contrairement aux années 1960. La seule différence, qui n’en n’est pas une si nous y réfléchissons bien, car nous n’avons pas suffisamment de recul pour jauger la portée des actions du BLM, réside dans le changement au niveau législatif grâce à l’adoption de textes ré/affirmant les droits des Noirs comme le 13ème amendement de la constitution étatsunienne abolissant l’esclavage et les lois de 1964 et 1965 faisant des Noirs des citoyens étatsuniens avec le droit de vote.

Ces remarques comparatives permettent de mettre en exergue la transhistoricité et la perméabilité des siècles et donc des combats pour la reconnaissance du Noir à la lumière de ce que nous conceptualisons comme étant les legs culturels racialisés. La dichotomie raciale dépend du positionnement de chacun des individus en présence, en fonction d’une catégorisation basée sur des critères raciaux. La question du positionnement est aussi centrale dans la sphère historique, qui met en image tous les faits marquants de la vie d’un individu A au moment de la rencontre avec un individu B. Mais elle traite également du positionnement historique des individus au sein de leurs sociétés respectives, si l’on considère que le passé a laissé son empreinte dans les rapports au sein de la société comme pierre angulaire et définitoire de l’histoire du peuple. Le schéma ci-dessous se propose de conceptualiser la notion de legs culturels racialisés. En effet, un individu peut se mouvoir dans le monde en fonction et en réaction à de multiples facteurs façonnant sa manière d’interagir avec les individus lui faisant face. La culture tient une place prépondérante dans cette dialectique car elle témoigne de la force ancestrale d’un conditionnement lié à des codes tacites transmis de génération en génération. La figure suivante décrypte en sept étapes les différentes strates constituant ce vortex dichotomique entre groupes ethniques antagonistes.

Fig 1. Conceptualisation des legs culturels racialisés

Fig 1. Conceptualisation des legs culturels racialisés

Le point nodal de cette conceptualisation tient dans la rencontre des différentes sphères de l’individu A avec les sphères définissant l’essence de l’individu B. Alors que les sphères A et B (individuelle et familiale) sont facilement compréhensibles et traitent des caractéristiques intrinsèques et des centres d’intérêts moraux de l’individu ou de son proche entourage, le fonctionnement des autres sphères est plus difficilement appréhendable. En effet, la sphère collective englobe les interactions que l’individu a pu avoir depuis son enfance jusqu’au jour de sa rencontre avec l’individu B. Par interactions, nous faisons référence aux simples contacts mais aussi à toutes les influences in/conscientes auxquelles l’individu A a eu à faire face. Il en va de même pour la sphère mémorielle qui traite de la puissance de la mémoire dite directe et lointaine de l’individu. Ce dont il est capable de se remémorer et ce qui, malgré un oubli en apparence, fonde son jugement et sa capacité à se mouvoir dans la société. La sphère culturelle fait appel à la définition même de la culture et met en exergue la puissance de la transmission de normes tacites acceptées par le collectif et témoigne de la force de cette dernière à travers l’individu. Cette sphère, à l’instar des autres, est une autre strate venant complexifier davantage la définition de l’individu en tant qu’être.

Par conséquent, les interactions des individus A et B ne sont point le fruit d’une simple rencontre à un moment T, mais la résultante d’un agrégat de sphères culturelles, mémorielles, historiques et raciales. Cependant, il convient de préciser que ce concept ne doit en aucun cas victimiser les acteurs de violences policières car un choix a dû être fait lors de la rencontre avec l’individu B afin de laisser les legs culturels racialisés s’actualiser à travers eux. Une distanciation aurait permis aux individus A et B de se voir comme ils sont, et non pas au travers d’un prisme ancestral, culturel, mémoriel et racial.

Le combat mené par le BLM ne doit donc pas se comprendre uniquement comme la lutte contre la violence perpétrée par un policier envers un citoyen africain-américain à un moment T. La lutte de acteurs/trices du mouvement BLM doit également se lire au travers d’une perspective historique débutée dès l’enfermement du Noir dans la catégorie du « disposable other » (Giroux, 2006). La rencontre de ces sphères témoigne d’un violent choc interculturel. Tout l’intérêt des études interculturelles réside dans cette rencontre. Qu’est-ce qui s’y passe ? Est-ce l’anéantissement des deux entités en contact ? La pérennisation de la supériorité de l’une sur l’autre ? Ou le rapprochement hybride créant ainsi un nouveau domaine culturel.

Il est toutefois intéressant de noter que les sphères consécutives et superposables mises en exergue par la figure, peuvent également être sources de conflits au sein de la sphère d’un seul individu. Ceci peut notamment se produire entre les sphères individuelle et familiale ou encore entre les sphères collective, memo-culturelle et raciale, notamment quand les individus ne se reconnaissent pas dans les discours et dictats sociétaux, créant ainsi une dichotomie et une crise existentielle.

Dans le cadre de cette étude sur la mouvance BLM et compte tenu de la littérature mise en lumière dans les sections précédentes, tout porte à croire que la rencontre des individus A et B est conditionnée par une volonté d’anéantissement de l’Autre au travers de mécanismes politiques, éducatifs, économiques qui imprègnent encore les relations raciales contemporaines.

Par conséquent, le combat du mouvement BLM face aux violences policières ne doit pas se comprendre comme une nouvelle forme de militantisme noir mais comme une lutte continue, (ré)/actualisée, face à une dialectique raciale – un prisme racialisé teinté de préjugés discriminants – qui empêche aux individus A et B de se comprendre mutuellement et de faire société.

Par le biais du concept de « legs culturels racialisés », prenant en compte les mécanismes de perpétuation des stéréotypes et préjugés raciaux, on comprend pourquoi le combat du BLM est plus que légitime ; car il ne s’agit pas d’un « militantisme performatif » facilité par les réseaux sociaux et qui aurait pour ultime objectif de lutter contre les violences contemporaines perpétrées à l’encontre des Noirs. Il s’inscrit dans la continuité de mobilisations contre le racisme et ses corollaires.

Conclusion

La culture occupe une place importante dans nos sociétés car elle définit nos rapports au monde et aux autres. Le concept de culture, au travers d’un processus définitoire, permet de de transmettre aux membres d’un même groupe des normes et une vision acceptée par le collectif. Mais c’est également au travers de ce sentiment d’appartenance que la culture peut aussi créer une ligne de démarcation avec les autres communautés. Il est à noter que cette démarcation culturalo-raciale se perpétue depuis des générations. La figure présentée dans la section précédente ainsi que l’état des lieux de la littérature sur le mouvement BLM, ont permis de montrer que la violence et la catégorisation des Noirs inhérentes au système esclavagiste, ont un caractère continu. Autrement dit, la violence envers les Noirs résulte d’une démarcation culturelle et racialisée datant de la période esclavagiste. Les legs culturels racialisés permettent de saisir la dimension perpétuelle et transhistorique de la volonté systémique d’annihilation du Noir, de plus en plus pernicieuse. Le combat mené par les militants et alliés du BLM doit donc se comprendre à la lumière des évolutions de la société étasunienne, permettant ainsi de considérer que le mouvement BLM s’inscrit dans une lutte contre la pérennité des legs culturels racialisés qui imprègnent les structures légales et institutionnelles ainsi que les rapports sociaux.

1 Le racisme dans le domaine sanitaire est également à l’origine d’une méfiance des Noirs envers les structures de santé et les agents de santé –

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1 Le racisme dans le domaine sanitaire est également à l’origine d’une méfiance des Noirs envers les structures de santé et les agents de santé – comme en témoigne la faible participation de la population noire au début des campagnes de vaccination contre la Covid 19. (Crooks et al. 2020)

Fig 1. Conceptualisation des legs culturels racialisés

Fig 1. Conceptualisation des legs culturels racialisés

Freddy Marcin

Université des Antilles, freddy.marcin@univ-antilles.fr

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