Une rue pour George Floyd !
De mai 1967 à mai 2020 : ces violences policières qui ont marqué l’histoire de la Guadeloupe

Nathalie Bouchaut

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Nathalie Bouchaut, « Une rue pour George Floyd !
De mai 1967 à mai 2020 : ces violences policières qui ont marqué l’histoire de la Guadeloupe », Archipélies [En ligne], 13 | 2022, mis en ligne le 30 juin 2022, consulté le 24 avril 2024. URL : https://www.archipelies.org/1233

L’objet de notre article est d’explorer les raisons des protestations en Guadeloupe à la suite de la mort de George Floyd en 2020. Lorsque l’Afro-Américain succombe par asphyxie sous le genou de Derek Chauvin, homme policier blanc, c’est l’indignation à travers le monde. Ce meurtre, largement médiatisé, dépasse les frontières de l’Amérique. Partout, des rassemblements sont organisés pour dénoncer le racisme systémique aux États-Unis. En Guadeloupe, de nombreuses associations s’unissent afin de faire entendre la voix d’habitants choqués par l’événement ou qui ont vécu des tragédies similaires. Des personnalités universitaires et politiques font notamment référence au massacre de mai 1967, au cours duquel, en Guadeloupe, des gendarmes avaient abattu sans retenue des manifestants grévistes. Il s’agira donc pour nous ici d’analyser les liens socio-historiques à l’origine du militantisme Black Lives Matter, à la fois sur l’île et aux États-Unis.

The purpose of our article is to explore the reasons for the organizations of protests in Guadeloupe, following the death of George Floyd in 2020. When the African-American man succumbed to asphyxiation under Derek Chauvin’s knee – a white policeman – indignation arose around the world. This murder crossed the borders of the United States of America, being widely publicized. Rallies were held everywhere to denounce systemic racism in the United States. In Guadeloupe, many associations came together to make the voice of residents heard, either because they were shocked by the event, or because they endured themselves similar tragedies. Some academics and politicians referred in particular to the “1967 May Massacre” in Guadeloupe, where during strikes, some constables shot the demonstrators without restraint. The socio-historical links between #Black Lives Matter activists both in Guadeloupe and in the United States will therefore a significant part of our analysis.

Introduction

Voilà ce qu’il faut que tu saches : en Amérique, c’est une tradition de détruire le corps noir, c’est un héritage (Coates, 2015 : 82).

Le mouvement Black Lives Matter1, fondé aux États-Unis en 2013, est né d’une révolte contre l’oppression subie par les Afro-Américains : « Le contexte de naissance de Black Lives Matter est un contexte d’effroi provoqué par les brutalités policières et le sentiment d’impunité de la police. D’année en année, les affaires se suivent et peu de policiers subissent les conséquences de leurs actes. » (Gadet, 2018 : 4) Il prend naissance avec la publication sur les réseaux sociaux de cette déclaration « Nos vies comptent », lancée par ses fondatrices Patrisse Cullors et Alicia Garza. Il s’insurge en particulier contre les verdicts d’acquittement en chaîne de policiers blancs qui ont tué manifestement des Noirs sans motifs valables légalement. (Twahirwa, 2017 : 18) Ce mouvement, bien qu’ayant un impact transnational, n’a cependant été relayé que très ponctuellement à ses débuts par les médias aux Antilles françaises.

Pourtant, les Afro-Américains et les Afro-Caribéens ont une histoire commune, esclavagiste et anticolonialiste, qui les a liés dans une lutte contre la domination blanche. À l’influence de la révolution cubaine2 (Dorais, 2018) et à celle de la guerre d’indépendance de l’Algérie, s’est ajoutée celle du Black Power mouvement. Alors que les révoltes contre le colonialisme éclatent, les Antillais sont exaspérés par les problèmes d’emploi sur l’île : les meilleurs postes sont réservés aux Blancs (Sainton et Gama, 2011). C’est une période où d’éminents activistes du Black Panther Party, tels que Angela Davis, font le tour des îles de la Caraïbe afin d’adresser des discours révolutionnaires aux habitants contre le colonialisme. Elle sera arrêtée en Guadeloupe en 1969 pour complotisme anticolonialiste (Dansoko Touré, 2021) C’est une époque dont les Guadeloupéens se souviennent. Ils se rappellent que des forces armées françaises ont massacré des Noirs sans ménagement en mai 1967. Ces souffrances communes aux Afro-Américains et aux Afro-Caribéens, provoquèrent des manifestations en Guadeloupe en 2020, après de la mort de George Floyd, homme noir, étouffé par un policier blanc à l’âge de 46 ans.

Dans une démarche entre histoire et sociologie, nous avons voulu remonter aux origines de l’influence du Black Power aux Antilles, afin de mettre en lumière le rapport de cause à conséquence entre Mai 67 et mai 2020 en Guadeloupe. Est-il « hors propos de faire la comparaison [entre Afro-Américains et Afro-Caribéens », comme le dit Sibeth N’Diaye3 (Le Figaro, 2020) ?

Afin de répondre à ces questions, nous explorerons principalement, dans un premier temps, le lien existant entre les événements de mai 1967 en Guadeloupe et le mouvement Black Power aux États-Unis. Puis nous analyserons les revendications en Guadeloupe et les manifestations liées à la mort de George Floyd.

1. Mai 1967 en Guadeloupe et le mouvement Black Power aux États-Unis : exemples en simultané de rébellions à caractère racial

Nous sommes semblables par la couleur de peau, mais éloignés par l’Histoire. Le premier constat est une évidence : notre couleur est ce qu’on voit de prime abord […] Oui, vous êtes un Noir d’Amérique – ceux qu’on appelle maintenant « Africain-Américain » – ; je suis […] aussi un « Noir de France » et je vis désormais en Amérique. Fruit d’un voyage funeste – la traite négrière […] (Coates 2015 : 5).

Les révoltes anticolonialistes dans la Caraïbe, leur influence sur les révoltes en Guadeloupe dans les années 1960, furent très tôt manifestes. Dès le XIXe siècle, sous Napoléon Bonaparte, lors du rétablissement de l’esclavage, on rapporte plusieurs représailles contre le peuple noir guadeloupéen face aux forces de l’ordre françaises : « […] des forces importantes [sont envoyées]. […] Plusieurs centaines de Noirs et de Mulâtres révoltés sont férocement réprimés à Baimbridge, près de Pointe-à-Pitre, et à Basse-Terre » (Id). De cette période empreinte de rébellions, William Lux relate l’importance que prend le mouvement de la négritude, avec des écrivains tels Aimé Césaire. (Lux, 1972 : 209) En Guadeloupe, ce sont les événements de mars et de mai 1967 qui illustrent le mieux ce fait. Les clivages Noirs/Blancs s’exacerbent, alors que nous sommes à l’ère post-coloniale4 (Id).

Dans un chapitre intitulé Le Massacre de mai 1967, un récit d’affrontements sanglants en mars 1967 met en exergue l’esprit de révolte anticolonialiste de cette période en Guadeloupe :

Le 20 mars 1967 avant 9 h, un incident se produit devant le magasin Le Sans-Pareil, dans la rue principale de Basse-Terre (chef-lieu), entre un commerçant européen d’origine tchèque Snrsky […] et Raphaël Balzinc, un handicapé qui exerce, avec une autorisation municipale, son métier de « clouteur » sur le trottoir (il pose des fers aux chaussures neuves pour les économiser). Le commerçant est accusé d’avoir lâché son chien sur le cordonnier noir pour le chasser du devant de son magasin. Un attroupement se forme avec de nombreux jeunes scandalisés, qui, ayant repéré la Mercedes du commerçant, la renversent au milieu de la rue, y mettent le feu et la jettent à la mer. Le service d’ordre est vite débordé et à 12 h 45 le magasin est saccagé. Le lendemain 21 mars, dès 7 h, la foule est déjà nombreuse et les gendarmes jettent des grenades pour se dégager. Une quincaillerie est pillée et les manifestants s’emparent d’armes à feu et de sabres. De petits groupes de jeunes gens interpellent des Blancs, lancent des pierres et arrêtent des voitures. Il s’agit ici d’une réaction de rejet des Métropolitains, accusés d’être trop nombreux, d’accaparer les emplois du secteur public et du secteur privé, et de contraindre les Antillais à émigrer. Les inégalités de traitement et les discriminations de toutes sortes ne sont plus supportées (Id : 3).

Cette révolte des habitants déclencha d’autres affrontements entre les forces armées françaises et les Guadeloupéens. Les rébellions se multiplient sur l’île, et les affrontements entre Blancs et Noirs deviennent quotidiens : « Là, sur une plage, des Métropolitains ont reçu des pierres lancées par un groupe de jeunes voyous, ailleurs, une Métropolitaine fait, en public, des remarques insultantes sur la couleur de peau de l’employé de commerce qui la sert (Id).

En mai 1967, date mémorable d’affrontements raciaux en Guadeloupe, un groupe de « Bérets rouges », agacés de ne pouvoir rejoindre par avion la Métropole, s’est rendu à Pointe-à-Pitre et a réglé de façon sanglante une question de grève des ouvriers du bâtiment. Ceux-ci réclament une augmentation de leur salaire, mais ne trouvent pas d’issue favorable à leur requête : « le patronat refusait toutes les propositions de négociation, alors des mots d’ordre arrivèrent : il faut débrayer » (Sainton et Gama, 2011). Des jeunes des quartiers lancent alors les hostilités contre les forces de l’ordre par des jets de bouteilles et d’autres projectiles. Les représailles des forces armées furent alors démesurément meurtrières – une centaine de morts :

Des projectiles divers (conques de lambi, pierres…) sont lancés sur les forces de l’ordre. Un CRS est atteint à l’œil (énucléé) par une conque de lambis. C’est alors que les CRS tirent, disent-ils, pour se dégager. Un tireur (anonyme) abat Jacques Nestor, « leader de masse », personnage très populaire auprès des jeunes des faubourgs de Pointe-à-Pitre, qui se trouvait place de la Victoire. Dans cette foule, il a sans doute été visé intentionnellement. Il est transporté mourant à l’hôpital, ventre ouvert, bassin brisé « par une arme de guerre », comme en témoignent le Dr Bastaraud, chirurgien, et le Dr Plumasseau qui l’ont examiné à l’hôpital. C’est le premier mort […] (Id).

Julien Mérion, auteur de l’ouvrage Autopsie politique du massacre de mai 19675 (2017) et témoin de l’horreur de ces affrontements, témoigne de son incompréhension face à de telles répressions : « Qu’est-ce-qui justifie les excès de mai 1967 ? »6 À Pointe-à-Pitre, c’est le chaos, et la rébellion est manifeste partout dans les rues : « Leurs voitures [des Blancs] sont arrêtées par des manifestants, fouillées, parfois détériorées. » (Id : 5) Dans Mé 67, les auteurs Jean-Pierre Sainton et Raymond Gama proposent des témoignages illustrant également la violence subie par les Guadeloupéens ce jour-là :

Il y avait tellement de forces armées que j’ai eu peur quand je les ai vues, baïonnette au canon, prêtes à tuer […] Là, j’ai pris un taxi et je me suis rendue à l’hôpital où j’ai dit aux collègues : « Préparez des lits, il y aura des morts à Pointe-à-Pitre […] J’enfilais ma blouse lorsqu’au même moment des voitures sont rentrées dans la cour de l’hôpital à toute vitesse en klaxonnant. Je me suis écriée : ‘Ay’ sé ti moun-la, yo tchouyé Gwadloupéyen ! » (Id : 16-17).

Selon l’universitaire Julien Mérion, il y a derrière toute cette révolte des Noirs, l’influence de leurs lectures à l’époque. Il y a la documentation relative au mouvement Black Power7 aux États-Unis qui circule en Guadeloupe, et celle d’auteurs anticolonialistes tels que le Martiniquais Frantz Fanon. Pour lui, conscience nationale et révolution vont de pair :

La conceptualisation d’une conscience nationale anticoloniale répondait à la nécessité de comprendre la perception, par les colonisés eux-mêmes, des multiples niveaux de domination et d’exploitation auxquels ils étaient soumis. En conséquence de cette différence, ce ne sont pas seulement les possibilités de prise de contrôle économique, mais également un plus vaste potentiel de transformations sociales et politiques qui doivent être constitutifs de la conscience, devenue « nationale ». Elle représente alors, entre autres, une capacité à interrompre le régime colonial en s’appropriant son appareil administratif afin d’en faire, non plus le support de l’état d’exception permanent, mais le soubassement possible d’un État souverain (Atari, 2014 : 258).

Cette période du mouvement de « la Négritude », avec des écrivains tels que Léopold Sédar Senghor, trouve son écho dans celui du Black Power :

La fin des années 60 a été marquée par des ouvrages de Malcolm X, et donc l’ouverture au monde est aussi passée par là. J’ai moi aussi tenu à connaître le Black Panther Party […]. Le référentiel était le mouvement Black Power, qui est une période qui va marquer une jeunesse consciente (entretien).

Le Black Power trouve son origine au début des années cinquante, avec l’ouvrage Black Power de Richard Wright (Wright, 2008). Alors qu’il fait écho au mouvement des droits civiques des années soixante, avec des figures telles que Martin Luther King, il se veut néanmoins plus offensif, estimant que si l’État ne défend pas les Afro-Américains, ces derniers doivent le faire eux-mêmes :

Lorsque le concept de Black Power est mis en avant, beaucoup de gens évoquent immédiatement des notions de violence. La réaction du pays aux Diacres pour la Défense et la Justice, originaires de Louisiane, est instructive. Voici un groupe qui s’est rendu compte que la « loi » et les organismes d’application de la loi ne protégeraient pas les gens, alors ils devaient le faire eux-mêmes. Si un pays ne protège pas ses citoyens, il ne peut pas condamner ceux qui se chargent de la tâche eux-mêmes8 (Id : 46).

Le Black Power, las du pacifisme de Martin Luther King et des coups reçus sans protester, estime que le message envoyé par le mouvement des droits civiques place les Noirs au rang de victimes éternelles :

Une phrase clé de nos jours de zone tampon était la non-violence. Pendant des années, on a pensé que les Noirs ne se battraient pas littéralement pour leur vie. Pourquoi cela a été ainsi n’est pas tout à fait clair ; ni la société plus grande ni les personnes noires sont notées pour la passivité. L’idée semble provenir des années de marches, de manifestations et de sit-in où les Noirs ne ripostaient pas et où la violence venait toujours des foules blanches. Nombreux sont ceux qui croient encore sincèrement en cette approche. De notre point de vue, les foules blanches déchaînées et les cavaliers de nuit blancs doivent être amenés à comprendre que leurs jours de battement de tête libre sont terminés. Les Noirs devraient et doivent se défendre. Rien ne repousse plus vite une personne déterminée à vous détruire que le message sans équivoque : « D’accord, imbécile, faites ce que vous voulez et courez en même temps9 (Id : 46).

De manière similaire, l’article Massacre de mai 67 met en exergue l’aspect commun des révoltes en Guadeloupe et aux États-Unis contre la police blanche et les injustices dont sont victimes les Noirs : « Les formes racialisées de rébellions urbaines, accompagnées parfois de pillages, ont quelques ressemblances avec les soulèvements des ghettos noirs étatsuniens […] (Beroud et al., 2011). Les similarités des problématiques raciales sont : « La France a toujours tenu à se démarquer des politiques américains [mais] c’est la même logique coloniale qui a créé le modèle de nos plantations, c’est le même modèle judéo-chrétien qui a comme fondement le racisme systémique »10.

Le principe de l’auto-défense contre l’injustice est aussi un autre point commun aux deux mouvements avec, en Guadeloupe, le GONG (Groupement des organisations nationalistes de la Guadeloupe)11, et aux États-Unis, le Black Panther Party. Ce dernier, formé aux États-Unis à la même période par Bobby Seale et Huey P. Newton, ne se veut en fait offensif que si les forces armées blanches les obligent à riposter :

La panthère noire […] est un animal qui n’attaque pas. Si elle est attaquée, elle recule, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus le faire. Alors seulement, la panthère noire frappera son assaillant et le terrassera […] Le Black Panther Party n’attaquera que s’il est acculé. 12

Aux États-Unis, l’ouvrage Les Damnés de la terre Frantz Fanon (1961) devient célèbre parmi la communauté noire. L’universitaire Mérion rapporte avec fierté avoir rencontré la militante féminine du « BPP » la plus emblématique : Angela Davis. L’activiste sera d’ailleurs arrêtée en Guadeloupe en août 1969 pour complotisme anticolonialiste, puis finalement relâchée grâce à son avocate noire guadeloupéenne, Gerty Archimède. (Dansoko-Touré) Son analyse des échanges à cette époque entre les Afro-Américains et les Afro-descendants est celui d’une parenté indéniable :

Il y a un certain nombre de liens qui se sont tissés à cette époque. Lorsque nous avons créé la CORECA, nous avons été frappés par le mot Black Power, qui revenait toujours… En réalité, il y a un lien, une parenté situationnelle.13

Les révoltes de mai 1967 en Guadeloupe et celles aux États-Unis à la même période sont donc liées. Aux Antilles francophones, et plus particulièrement en Guadeloupe, les tensions entre Afro-descendants et anciens colons sont féroces. Des mouvements de rébellion apparaissent. S’ensuivent des événements tragiques en Guadeloupe, connus sous le nom de « Mai 67 ». Au même moment aux États-Unis, c’est l’époque du Black Power et du Black Panther Party qui luttent pour les droits et la défense des Noirs. Des écrivains antillais francophones tels que Aimé Césaire ou Frantz Fanon les influencent fortement. Toutefois, si la fin des années 1970 marqua le début d’une ère moins agitée, notamment avec l’effondrement du Black Panther Party, les années 2010 connaitront un regain d’affrontements semblables à ceux des années 1960, avec les mêmes liens solidaires entre Afro-descendants.

2. « Black Lives Matter » et « Combat Ouvrier » : des manifestations contre les brutalités policières envers les noirs

[…] La Guadeloupe, comme les États-Unis, est le fruit des abominations du capitalisme. Le fruit d’un système qui n’hésite pas à déshumaniser l’être humain pour mieux l’exploiter, mieux le spolier, mieux piller les richesses de son sous-sol (Lapinard, 2020).

Pendant les années 1980 à 2000, d’autres organisations nationalistes émergent, parce que le Black Panther Party n’a pas réussi à résoudre les problématiques liées au racisme aux États-Unis. Des membres du BPP restent actifs, tels que Michael Mc Gee qui forma en 1990 Black Panther Militia. Se réclamant de l’héritage des Panthers, le New Black Panthers Party voit le jour, bien qu’il fût critiqué par les fondateurs du parti originel tel que Newton, qui affirma qu’il n’y avait « pas de nouveau « Black Panther Party ».14 En 1995, lorsque des prêts sont refusés à des fermiers afro-américains et accordés à des fermiers blancs par le Département de l’agriculture des États-Unis, le National Black Farmers Association est formé par John W. Boyd, Jr. Ils obtiendront une réparation de 1, 5 milliards de dollars sous la mandature de Barack Obama en 2010. En 2004, toujours inspirée par l’activisme initial des Black Panthers, la National Alliance of Black Panthers est créée par Shazza Nzingle, sa présidente .

Aux Antilles, en même temps, dès 1973, les associations indépendantistes et anticapitalistes se démultiplient par le biais de L’UGTG (Union générale des travailleurs de Guadeloupe), organisation de travailleurs, majoritaire en Guadeloupe. L’île devient connue pour ses nombreuses grèves protestant contre les abus du patronat. En 2009, une grève générale contre la vie chère débute en Guyane, en Guadeloupe puis en Martinique. De nombreuses manifestations sont organisées par le LKP (Lyannaj kont pwofitasyon)15 pendant 40 jours durant lesquels les supermarchés, propriétés des « békés », descendants des colons, doivent rester fermés. Dans chacune de ces îles, les manifestants entonnent en créole ces paroles qui seront désormais chantées à chaque nouvelle grève : « La Guadeloupe/la Martinique/la Guyane nous appartient, elle ne leur appartient pas [les békés], ils ne feront pas ce qu’ils veulent de notre pays ».16 Cette même année, Élie Domota et Raymond Gama, membres du collectif, sont invités aux États-Unis pour « une tournée organisée en solidarité des luttes victorieuses menées par les travailleurs et les peuples de Guadeloupe au début de cette année » (UGTG.org).

Pour autant, les Antilles françaises se remettront péniblement de cet épisode de revendications nationalistes, qui bloqua la majorité des magasins, engendrant par la suite une crise économique terrible (iedom.fr). Pendant les années 2010, les grèves se poursuivent, et les revendications anti-colonialistes augmentent à nouveau. En 2020, elles sont à leur comble quand la pandémie de la COVID-19 frappe la Guadeloupe. Les Guadeloupéens et les Martiniquais, toujours par le biais de ces mêmes organisations syndicales, manifestent une défiance envers le gouvernement français en protestant contre son ingérence dans la gestion de la crise sanitaire :

La France ne connaît que le rapport de force ; elle est égale à elle-même. Les histoires du « pays des Droits de l’homme », c’est pour la littérature. Elle a toujours été dans le rapport de force, surtout avec nos populations. À partir du moment où elle veut imposer des choses, elle est dans le rapport de force, même physique. C’est aussi le dernier pays à avoir aboli l’esclavage17.

Lorsque le quadragénaire George Floyd décède sous les violences d’un policier blanc aux États-Unis, c’est la consternation sur l’île. Alors que le monde découvre en 2020 des violences perpétrées par des gendarmes blancs sur des Antillais tels que Michel Zecler en France, ou Claude Jean-Pierre en Guadeloupe, la communauté réagit en protestations : Black Lives Matter !  Le modèle d’oppression raciale des années soixante connaît un écho dans les années 2010 et 2020, qui lie à nouveau Afro-Américains et Afro-descendants. Des manifestations contre le racisme et des slogans repris par les Antillais en Guadeloupe et en France réapparaissent.

Certaines techniques d’immobilisation sont interdites par la police de New York ; pourtant, dès 2013, les vidéos d’Afro-Américains étouffés sous le genou de policiers blancs, ou par plaquage ventral heurtent la sensibilité du monde entier : I can’t breathe  devient le cri célèbre dans les manifestations anti-profilage racial. Citons l’exemple d’Éric Garner, Afro-Américain de 44 ans, soupçonné de vente illégale de cigarettes. Le policier blanc Daniel Pantaleo le plaque au sol, aidé de plusieurs de ses collègues, dont Derek Chauvin qui maintient son genou sur son cou. Un passant filme la scène, et l’on assiste à la mort lente de l’homme asthmatique, qui peut à peine se défendre, et qui répète sans cesse « Je n’arrive pas à respirer » (Joseph, 2020) Nous sommes pourtant sous la mandature de Barack Obama, premier Afro-descendant dirigeant des États-Unis d’Amérique. C’est une période sombre, où la recrudescence des meurtres à l’encontre des Afro-descendants par la police blanche, sans menace de la part de ceux qui vont décéder, prend un essor terrifiant. Ces policiers sont pourtant systématiquement acquittés. L’indignation est à son comble quand le mouvement Black Lives Matter voit le jour :

L’une [des] nombreuses affaires [de profilage racial] va en être le détonateur : c’est l’affaire Trayvon Martin. Ce jeune homme âgé d’à peine 17 ans, est suivi et agressé par George Zimmerman à cause de son look et de sa couleur de peau. Les évènements se déroulent le 26 février 2012. Le jeune homme décède de blessures par balle. Zimmerman n’est pas arrêté tout de suite ; il faut des manifestations et des réclamations virulentes émanant de sa famille et de la communauté noire pour qu’il soit traduit en justice. Le 13 juillet 2013, le verdict est rendu : Zimmerman est acquitté. Cette décision de justice résonne comme une bombe dans la communauté noire. (Gadet, Id : 4)

Le mouvement nait suite à un message publié et partagé par l’une de ses fondatrices, Alicia Garza, après l’acquittement de Zimmerman ; cela ne peut plus durer ainsi, le peuple noir souffre et a droit à la dignité : « La vie des Noirs compte », publie-t-elle sur Facebook. Des termes qui font écho aux revendications du Black Power :

L’utilisation du terme « Noir » n’est pas sans importance : elle puise ses origines dans une culture de fierté noire et d’identité de groupe noir qui s’est particulièrement développée dans les années 60 et 70, au plus fort du mouvement des droits civiques. Il affirme que cette identité de groupe, basée sur l’expérience commune d’être perçu comme Noir et éventuellement en conjonction avec une ethnicité commune, mais pas nécessairement, est une composante clé de l’identité de ses individus et donc une base de solidarité contre une source commune d’injustice entre ses membres. Cependant, Lives implique une pluralité d’identités et un déni d’une identité noire monolithique, qui pourrait être associée au mouvement nationaliste noir des années 70, et un éclairage sur ceux qui sont perçus comme victimes d’injustice et de persécution […] Sa sonorité commune à celle du Black Panther, fait également ressortir la disponibilité de ses membres à utiliser des moyens non conventionnels.18

Le message d’Alicia Garza est partagé par son amie et co-fondatrice du mouvement, Patrisse Cullors ; le message devient viral et devient le refrain des manifestations antiracistes aux États-Unis. Sous la mandature de Donald Trump en 2016, l’anti-immigrationnisme connait un essor significatif aux États-Unis, et les suprématistes blancs rétorquent par d’autres refrains contrecarrant le mouvement Black Lives Matter tels que « La vie des bleus [policiers] compte », « Toutes les vies comptent » :

Cela provient du fait que cela est souvent considéré comme une déclaration über-alles (en d’autres termes : les vies noires compteraient… plus que d’autres vies), ce qui n’est pas le cas. La déclaration Black Lives n’est pas une déclaration sur la suprématie des Noirs […]. Cela ne doit pas être interprété comme un combat dans lequel la vie des Noirs compte plus que d’autres. Personne, même si des partisans individuels pourraient le prétendre, ne défend la supériorité de leur race, de leur profession ou de leur collectivité par rapport à d’autres. Ils ont tous en commun de chercher à « humaniser » et à contester les griefs qu’ils perçoivent contre leur race/profession/communauté. La différence avec Blue Lives Matter est que l’identité de groupe de ces derniers s’est construite contre l’identité de groupe qu’ils perçoivent du Black Lives Matter. Or l’idée centrale d’une nécessité d’égalité face au système de justice ou d’application de la loi n’est pas contestée par Black Lives Matter19.

Le slogan Blue Lives Matter repris par le président lors de ses rassemblements politiques a pour effet d’aggraver la haine raciale aux États-Unis. Les tragédies déferlent en cascade et beaucoup d’Afro-Américains inoffensifs sont tués par la police blanche. En 2015, le journaliste Ta-Nehesi Coates, dans Une colère noire, décrit des parents afro-américains corrigeant leurs enfants afin de les préparer au fait « d’habiter un corps noir » aux États-Unis : « Soit c’est moi qui le cogne, soit c’est la police », dit un père (Coates, 2015 : 82).

En 2020, les violences policières infligées à un Noir inoffensif, George Floyd, sont filmées. Parallèlement, aux Antilles et en France, des cas similaires de brutalités policières contre les Noirs sont également diffusés sur les réseaux sociaux et aux informations télévisées. En Guadeloupe, le 21 novembre 2020, le sexagénaire Claude Jean-Pierre décède à l’hôpital à la suite d’un violent contrôle de gendarmerie dans la commune de Deshaies. (Collas, 2021) Les caméras de vidéo-surveillance ont immortalisé la scène : on y voit deux policiers blancs tirer un Guadeloupéen de 67 ans par la fenêtre de son véhicule, alors qu’il semble obtempérer en tous points à leurs demandes, il ne se relèvera plus (YouTube20). En France métropolitaine également, le producteur martiniquais Michel Zecler est roué de coups de poing et de pied dans son propre studio de musique, où les gendarmes font irruption. Ils ignorent que leurs violences sont enregistrées par la caméra de surveillance :

Captées par la vidéosurveillance installée dans le studio et révélées par le site d’information Loopsider, celles-ci montrent trois policiers distribuer des coups de poing, de pied, de genou et de matraque à cet homme qu’ils veulent interpeller pour non-port du masque après l’avoir suivi à l’intérieur des locaux. Ce dernier résiste, se protège tout en appelant à l’aide mais n’a aucun geste violent. Les policiers l’étranglent. (Le Monde, 2020)

Les policiers nieront des preuves flagrantes, en dépit des enregistrements et des témoignages rapportés par le voisinage. Deux des policiers seront remis en liberté, et quatre d’entre eux seront mis en examen le 30 novembre 2020. Toujours en parallèle, d’autres vidéos anonymes de Noirs plaqués au sol en Guadeloupe circulent sur les réseaux sociaux, et les Guadeloupéens visualisent, médusés, cet écho du « mauvais exemple » des policiers blancs étatsuniens. Sidjie Esdras, militante du journal Rebelle et de l’organisation Combat ouvrier, dira : « c’est une question humaine […] on a de l’empathie envers un autre être humain qui souffre ; ces vidéos sont une torture. »21 À la suite de la mort de George Floyd, la jeune militante initie donc immédiatement des rassemblements en Guadeloupe, afin de protester contre l’ensemble de ces violences faites aux Afro-descendants :

Nous avons organisé deux mobilisations : une le 3 juin, devant la mairie de Pointe-à-Pitre, place de la Libération, et une autre, au même endroit, le 9 juin, jour les obsèques de George Floyd aux États-Unis. J’estime qu’elles ont eu du succès parce qu’il y avait plus de 500 personnes ce jour-là (9 Juin). J’ai senti ce jour-là que les gens s’étaient déplacés parce qu’ils avaient été touchés et choqués. Puis il y a d’autres organisations syndicales, politiques qui se sont jointes à nous. Bien entendu, toutes proportions gardées, cela n’a pas soulevé des foules, mais ceux qui étaient là étaient contents d’être venus. Ils reprenaient les slogans : « George Floyd », « Non au racisme », « Black Lives Matter », ou encore « Justice pour Claude Jean-Pierre ». Il y avait aussi des slogans en créole.22

Après un premier rassemblement organisé le 2 Juin devant le Mémorial Acte, musée situé à Pointe-à-Pitre, érigé en mémoire de l’histoire de l’esclavage, dès le lendemain soir, les manifestations et rassemblements commencèrent à l’appel de l’association. Les slogans sont ceux criés aux États-Unis, mais d’autres illustrent aussi les décès de Guadeloupéens ou de Martiniquais violentés par les gendarmes, tels que « Justice pour Cloclo »23, pour « Adama Traoré ».24 (Libération.fr) Des fresques en hommage à George Floyd apparaissent à plusieurs endroits de Guadeloupe.

Le samedi 6 juin 2020, une autre mobilisation se déroula à Pointe-à-Pitre, avec la prise de parole des organisateurs Esdras et Mérion. Des associations et mouvements militants pour les droits des Noirs se sont relayés durant la prise de parole, tels que « Moun Gwadloup », ou encore la Présidente de l’Association Rosa Parks West Indies. Le 10 juin à Basse-Terre, une dernière marche nocturne est organisée après l’inhumation de George Floyd, et de nombreuses personnalités firent le déplacement. Luc Reinette, fondateur local du CIPN25 (franceinfo.fr), estimant que les manifestations ne sont pas suffisantes, fera une proposition emblématique, reçue à l’unanimité : celle d’avoir une rue du nom de « George Floyd ».

Pour autant, tous les Guadeloupéens n’adhèrent pas à cette démarche. La fondatrice de l’association Rosa Parks West Indies, Anzolie Ebara, voit de telles initiatives d’un œil mitigé, parce qu’elle estime qu’il y a : « plein de George Floyd tous les jours aux États-Unis et aux Antilles, et parce qu’avec le scandale du chlordécone et de l’eau polluée en Guadeloupe, les Noirs sont tués de beaucoup d’autres façons. »26 Sur la même trame, Yannick Chipotel, porte-parole de « Moun Gwadloup », s’interroge :

Pourquoi cette réaction épidermique à la mort de George Floyd ? On a vu des Guadeloupéens se rouler par terre devant le Mémorial ACTe, alors que certains n’ont même pas accès à l’eau potable.27 Il est vrai qu’à l’ère du néo-colonialisme, les figures célèbres du mouvement des droits civiques nous ont fait rêver. Mais cette histoire de plaque nous a bien fait rigoler. Avant de mettre une plaque de George Floyd, il faut retirer plein de plaques qui font honte à la mémoire des Noirs en Guadeloupe. Certes, nous avons le colon, même bourreau, mais les îles anglophones indépendantes ont une meilleure gestion, par exemple, de la crise sanitaire. Le « vivre ensemble » ne sera pas possible tant qu’il n’y aura pas eu de réparation. En fait, concernant cette histoire de plaque, je ne suis ni « pour », ni « contre », mais nous devons d’abord nous occuper de nos propres problématiques locales.28

Le projet de plaque pour George Floyd ne fait donc pas l’unanimité en Guadeloupe. Beaucoup souhaiteraient que l’emphase soit davantage portée sur le capitalisme dont les habitants font les frais, au lieu de se mobiliser pour les Américains. Déposé auprès de la mairie de Saint- François, le projet de Luc Reinette serait cependant en bonne voie, affirment les organisateurs des mobilisations.

Les rassemblements en Guadeloupe faisant suite à la mort de George Floyd se veulent donc solidaires du mouvement Black Lives Matter aux États-Unis. « C’est le mort de trop », s’insurgent les associations et organisations militantes de Guadeloupe. Madame Ebara, quant à elle, demande à quand remonte « le premier mort de trop »29 ? De nombreux Guadeloupéens furent touchés par la mort de l’Afro-Américain et ont tenu à montrer leur mécontentement face au racisme systémique et aux violences policières dont les Afro-descendants font toujours l’objet. Sidjie Esdras a remarqué la présence de plusieurs Caucasiens français lors des manifestations en Guadeloupe, même si elle a estimé qu’ils auraient pu être plus nombreux : « C’est à eux de prouver qu’ils ne sont pas racistes, ce n’est pas à nous de le faire ».

Conclusion : « frères Noirs » mais pas « concitoyens »

Les révoltes dans la Caraïbe et aux États-Unis contre le colonialisme et la domination blanche sont un lien qui unit les Afro-descendants des Amériques. Inspirés par les activistes anticolonialistes écrivains ou politiques, ils ont prôné dans les années soixante et soixante-dix des manifestations pacifiques, puis armées, si nécessaires. En Guadeloupe, alors que le mouvement Black power influence les jeunes, des émeutes éclatent en 1967, en rébellion contre le patronat et la suprématie française. Aux États-Unis, lassés par le pacifisme de Martin Luther King pendant la période du mouvement des droits civiques, les Afro-Américains créent le Black Panther Party. C’est une période marquée par des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, et assassinats de Noirs par ces derniers. Avec l’effondrement du Black Panther Party dans les années soixante-dix, les mouvements de rébellion contre l’oppression des Noirs sont moins apparents.

Pourtant, c’est principalement le phénomène d’impunité en raison de la relaxe d’officiers de police blancs qui crée une nouvelle révolte de Noirs dans les années 2010 aux États-Unis, avec l’apparition du mouvement Black Lives Matter. Les Noirs sont tués par la police qui les assimile systématiquement à des criminels. La peur augmente dans la communauté, qui se sent prisonnière de sa couleur de peau, comme l’auteur Ta-Nehesi Coates, voix de la souffrance, l’écrira en 2015. En 2020, après de nombreux meurtres, arrive celui de George Floyd, à une période où les Antillais en Guadeloupe et en France souffrent également de la violence des gendarmes pour des motifs non légaux : non port du masque, aspect suspect, etc.

Les Guadeloupéens décident donc de militer en solidarité avec le mouvement Black Lives Matter car ils estiment défendre des causes qui leur sont communes. En mai 2020 et du 2 au 10 juin 2020, les mouvements de révolte initiés par des indépendantistes locaux font la une de la télévision et des journaux. Citoyens et personnages emblématiques de l’île entonnent les mêmes refrains que leurs « frères noirs » des États-Unis, et demandent que le racisme soit puni quelle que soit la couleur de peau de celui qui le commet.

Les membres du CIPN demandent aujourd’hui à ce qu’une rue porte le nom de George Floyd à Saint-François, requête qui est toujours en cours auprès du service de l’urbanisme. Certains Guadeloupéens sont toutefois très réservés quant à cette initiative, souhaitant que l’on « rêve moins » de l’Amérique et que l’on se soucie davantage des problèmes de l’île et de ses habitants. Ces clivages sur l’intérêt que les Guadeloupéens devraient accorder au meurtre de George Floyd ne portent cependant pas sur la question des violences policières faites aux Noirs. Il s’agit de décider de l’espace géographique dans lequel les Guadeloupéens veulent inscrire leurs revendications. Les peuples de l’Amérique post-coloniale sont toujours concernés par la recherche identitaire et la question du « vivre ensemble ».

1 « La vie des Noirs compte ».

2 Les révoltes contre les colons Espagnols commencèrent dès le 19ème siècle à Cuba, avec des figures telles que José Marti. Sous le règne du dictateur

3 Sibeth Ndiaye, femme noire d’origine Sénégalaise, a été la porte-parole du gouvernement Emmanuel Macron de 2019 à 2020.

4 L’esclavage fut aboli en 1848 en Guadeloupe, selon le décret du 27 avril. Elle deviendra département français d’Outre-Mer (DOM) en mars 1946.

5 Julien Mérion est président de la CORECA (association Contact et Recherches Caraïbes), créée en 1991, dont l’objectif est de promouvoir la cohésion

6 Entretien avec le professeur Julien Mérion, jeudi 12 août 2021, via la plateforme « Zoom ».

7 Le mouvement « Black Power », initié par Stockely Carmichael.Kwame Ture et Charles V. Hamilton, Black Power : The Politics of Liberation in America

8 “When the concept of Black Power is set forth, many people immediately conjure up notions of violence. The country’s reaction to the Deacons for

9 “A key phrase in our buffer-zone days was non-violence. For years it has been thought that black people would not literally fight for their lives.

10 Entretien avec Julien Mérion le jeudi 12 août 2021, sur la plateforme Zoom.

11 Le mouvement autonomiste « GONG » (Groupement des organisations nationalistes de la Guadeloupe) est accusé d’être à l’origine des révoltes de Mai

12 « The Black Panther […] is an animal who will not attack. If attacked, the Black Panther backs up until he has no more room to back. Then, the

The John Brown Society, “An introduction to the Black Panther Party”. California, The Radical Education Project, 1969, p. 2 introblackpanther.pdf (msu

13 Entretien avec Julien Mérion. Id.

14 George Dereck Musgrove, « There is no ‘New Black Panther Party’: The Panther – like Formations and the Black Power resurgence of the 1990s”, The

15 « Liyannaj Kont Pwofitasyon » (« collectif contre l’exploitation outrancière »).

16 « La Gwadloup sé tan nou, la Gwadloup sé pa ta yo, yo pé ké fè sa yo vlé adan péyi annou. »

17 Entretien téléphonique avec Yannick Chipotel, porte-parole de l’organisation « Moun Gwadloup » (« Collectif de Guadeloupe »), le 20 septembre 2021.

18 “The use of the term ‘Black’ is not without significance: it draws its origins in a culture of black pride and black group identity which

19 “This is not to be interpreted as a fight for whose life matters most since none of these groups, even though individual supporters might claim so

20 Vidéo filmée par les caméras de surveillance : « Interpellation meurtrière en Guadeloupe : La preuve en vidéo ». Consulté le 15/09/2021.

21 Sidjie Esdras est une des organisatrices de manifestations en Guadeloupe suite à la mort de George Floyd. Entretien avec la militante le 9 août

22 Entretien avec Sidjie Esdras, Id.

23 En référence à Jean-Claude Daniel.

24 Adama Traoré, jeune homme d’origine Malienne, est décédé à 24 ans suite à un plaquage ventral opéré par des gendarmes dans le Val-d’Oise, en France

25 Fondateur du « Comité international des peuples noirs » en 1992, Luc Reinette est un indépendantiste et un anti-colonialiste (partisan jadis de la

26 Entretien avec la militante Anzolie Ebara, fondatrice de la « Rosa Parks Foundation Guadeloupe » qui a vécu 20 ans aux États-Unis. 28 juillet 2021

27 Le SIAEAG (Syndicat intercommunal d’alimentation en eau et d’Assainissement de la Guadeloupe) a été dissout en 2021, et repris en septembre 2021

28 Entretien téléphonique avec Yannick Chipotel. Id, 21septembre 2021.

29 Entretien. Id.

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Préfacé par Jean-Paul Sartre, l’ouvrage s’inscrit dans le contexte des violences coloniales de la guerre d’Algérie. Il fut traduit en 15 langues.

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1 « La vie des Noirs compte ».

2 Les révoltes contre les colons Espagnols commencèrent dès le 19ème siècle à Cuba, avec des figures telles que José Marti. Sous le règne du dictateur Batista, Cuba est de fait sous domination étatsunienne. En 1960, l’île, avec pour leader Fidel Castro, se rebelle face à l’impérialisme américain.

3 Sibeth Ndiaye, femme noire d’origine Sénégalaise, a été la porte-parole du gouvernement Emmanuel Macron de 2019 à 2020.

4 L’esclavage fut aboli en 1848 en Guadeloupe, selon le décret du 27 avril. Elle deviendra département français d’Outre-Mer (DOM) en mars 1946.

5 Julien Mérion est président de la CORECA (association Contact et Recherches Caraïbes), créée en 1991, dont l’objectif est de promouvoir la cohésion et l’entente entre les différents pays et îles de la Caraïbe. Il est également universitaire, professeur exerçant à l’UFR des Sciences juridiques et économiques de Fouillole à Pointe- à Pitre.

6 Entretien avec le professeur Julien Mérion, jeudi 12 août 2021, via la plateforme « Zoom ».

7 Le mouvement « Black Power », initié par Stockely Carmichael.
Kwame Ture et Charles V. Hamilton,
Black Power : The Politics of Liberation in America, New York, Vintage Books, 1992.

8 “When the concept of Black Power is set forth, many people immediately conjure up notions of violence. The country’s reaction to the Deacons for Defense and Justice, which originated in Louisiana, is instructive. Here is a group which realized that the “law” and law enforcement agencies would not protect people, so they had to do it themselves. If a nation fails to protect its citizens, then that nation cannot condemn those who take up the task themselves” Id. p. 46.

9 “A key phrase in our buffer-zone days was non-violence. For years it has been thought that black people would not literally fight for their lives. Why this has been so is not entirely clear; neither the larger society nor black people are noted for passivity. The notion apparently stems from the years of marches and demonstrations and sit-ins where black people did not strike back and the violence always came from white mobs. There are many who still sincerely believe in that approach. From our viewpoint, rampaging white mobs and white night-riders must be made to understand that their days of free head-whipping are over. Black people should and must fight back. Nothing more quickly repels someone bent on destroying you than the unequivocal message: “O.K., fool, make your move, and run the same risk I run-of dying”. Id. p. 46

10 Entretien avec Julien Mérion le jeudi 12 août 2021, sur la plateforme Zoom.

11 Le mouvement autonomiste « GONG » (Groupement des organisations nationalistes de la Guadeloupe) est accusé d’être à l’origine des révoltes de Mai 1967 ; en dépit d’une étroite et acharnée surveillance à l’encontre du mouvement, il fut néanmoins relaxé des charges portées contre lui.

12 « The Black Panther […] is an animal who will not attack. If attacked, the Black Panther backs up until he has no more room to back. Then, the Black Panther will strike out at his assailant and wipe out him out […] The Black Panther Party will not attack unless pushed up against the wall.”

The John Brown Society, “An introduction to the Black Panther Party”. California, The Radical Education Project, 1969, p. 2 introblackpanther.pdf (msu.edu). Consulté le 14 septembre 2021.

13 Entretien avec Julien Mérion. Id.

14 George Dereck Musgrove, « There is no ‘New Black Panther Party’: The Panther – like Formations and the Black Power resurgence of the 1990s”, The Journal of African-American History, University of Chicago Press, Vol. 104, n° 4.
“There Is No New Black Panther Party”: The Panther-Like Formations and the Black Power Resurgence of the 1990s | The Journal of African-American History: Vol 104, No 4 (uchicago.edu). Consulté le 22 septembre 2021.

15 « Liyannaj Kont Pwofitasyon » (« collectif contre l’exploitation outrancière »).

16 « La Gwadloup sé tan nou, la Gwadloup sé pa ta yo, yo pé ké fè sa yo vlé adan péyi annou. »

17 Entretien téléphonique avec Yannick Chipotel, porte-parole de l’organisation « Moun Gwadloup » (« Collectif de Guadeloupe »), le 20 septembre 2021.

18 “The use of the term ‘Black’ is not without significance: it draws its origins in a culture of black pride and black group identity which particularly developed in the 60s and 70s at the height of the civil 26 rights movement. It asserts that this group identity, based on the common experience of being perceived as black and possibly in conjunction with a common ethnicity although not necessarily, is a key component of its individuals’ identities and therefore a base for solidarity against a common source of injustice between its members. However, ‘Lives’ involves a plurality of identities and a denial of a black monolithic identity, which could be associated with the black nationalism movement of the 70s, and a spotlight on those who are perceived to fall victim to injustice and persecution […] Its common sonority to black panther also brings out the readiness of its members to use unconventional means.”
Dorian Clauzon,
The Emergence of Black Lives Matter under the presidency of Barack Obama, Université Montpellier 3, Juin 2020. - https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02968246/document . Consulté le 20 septembre 2021.

19 “This is not to be interpreted as a fight for whose life matters most since none of these groups, even though individual supporters might claim so, are defending the superiority of their race/profession/community over that of others. They all have in common that they are seeking to “humanize” and to bring forward the grievances they perceive against their race/profession/community, with the difference with Blue Lives Matter that their group identity is built against the perceived group identity of Black Lives Matter, or what they are perceived to stand for, but its core idea of the need for equality in the face the justice system or law enforcement system is not contested”.
Dorian Clauzon, “The Emergence of Black Lives Matter under the Presidency of Barack Obama”, Université Montpellier 3, Juin 2020.
P.24. https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02968246/document . Consulté le 15/09/2021.

20 Vidéo filmée par les caméras de surveillance : « Interpellation meurtrière en Guadeloupe : La preuve en vidéo ». Consulté le 15/09/2021.

21 Sidjie Esdras est une des organisatrices de manifestations en Guadeloupe suite à la mort de George Floyd. Entretien avec la militante le 9 août 2021 aux Abymes, Guadeloupe.

22 Entretien avec Sidjie Esdras, Id.

23 En référence à Jean-Claude Daniel.

24 Adama Traoré, jeune homme d’origine Malienne, est décédé à 24 ans suite à un plaquage ventral opéré par des gendarmes dans le Val-d’Oise, en France. Il fut poursuivi par ces derniers pour « comportement suspect ». L’affaire est toujours en cours, et sa sœur Assa Traoré, avec ses cheveux en coupe « afro » telle une nouvelle Angela Davis, continue la lutte pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire.
« Relaxe d’Assa Traoré, poursuivie en diffamation par les gendarmes, qu’elle accuse avoir tué son frère », Libération (liberation.fr), 1 er juillet 2021. Consulté le 20/09/2021.

25 Fondateur du « Comité international des peuples noirs » en 1992, Luc Reinette est un indépendantiste et un anti-colonialiste (partisan jadis de la lutte armée), militant de la réparation pour l’esclavage des Noirs. Il est connu pour ses nombreux déboires avec la justice, dont plusieurs arrestations.

26 Entretien avec la militante Anzolie Ebara, fondatrice de la « Rosa Parks Foundation Guadeloupe » qui a vécu 20 ans aux États-Unis. 28 juillet 2021, campus de Fouillole, Pointe-à- Pitre.

27 Le SIAEAG (Syndicat intercommunal d’alimentation en eau et d’Assainissement de la Guadeloupe) a été dissout en 2021, et repris en septembre 2021 par le SMGEAG (Syndicat mixte unique de gestion de l’eau et de l’assainissement en Guadeloupe). Le problème de vétusté du réseau est la cause de nombreuses coupures d’eau en Guadeloupe. Outre-Mer la 1ère avec AFP, « La nouvelle structure unique de l’eau installée en Guadeloupe », 2 septembre 2021.

28 Entretien téléphonique avec Yannick Chipotel. Id, 21septembre 2021.

29 Entretien. Id.

Nathalie Bouchaut

Université des Antilles, nathalie.bouchaut@univ-antilles.fr

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