D’une langue majeure à une langue minorée : la traduction en malgache de Crónica de una muerte anunciada

Randriamasinony Soloalijaona

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Randriamasinony Soloalijaona, « D’une langue majeure à une langue minorée : la traduction en malgache de Crónica de una muerte anunciada », Archipélies [En ligne], 1 | 2010, mis en ligne le , consulté le 29 avril 2024. URL : https://www.archipelies.org/1763

Introduction

Il existe, on le sait, deux moyens différents d’accéder à un texte écrit dans une langue dite « étrangère » : soit on le lit dans la langue originale, soit on passe par la médiation d’un traducteur. La traduction, pratique très ancienne, permet non seulement la compréhension du texte « étranger », mais encore la connaissance, voire l’appropriation de la culture de l’Autre. A priori, tout texte peut être traduit dans une langue autre que celle dans laquelle il est écrit originellement, et corrélativement toute langue autorise ce difficile, mais passionnant exercice qu’est la traduction.

Le livre le plus traduit dans le monde, c’est-à-dire la Bible, est l’exemple le plus patent de la nécessité et de l’efficacité de la traduction comme principal mode de transmission des savoirs dans le monde occidental. Sa traduction a favorisé la propagation du christianisme, singulièrement dans les pays colonisés par les Européens, où parfois elle a aidé les langues autochtones à s’enrichir. En effet, on a pu constater que souvent l’entreprise menée par les missionnaires protestants ou catholiques pour traduire la Bible est allée de pair avec la naissance d’un système d’écriture et la standardisation de la langue du peuple autochtone à christianiser. Cela a donné lieu, par la suite, à une activité éditoriale consistant en la publication de dictionnaires bilingues – voire trilingues – et d’ouvrages recueillant la tradition orale (légendes, contes, poésies, proverbes, etc.). Notons qu’il n’y a pas que les pays colonisés par les Européens dont la langue s’est enrichie grâce à la traduction de la Bible, comme le prouve l’exemple de l’Allemagne, dont la langue est pratiquement née de la version de la Bible réalisée par Luther.

Le malgache est l’une de ces langues non européennes à avoir bénéficié de la traduction des textes bibliques. En effet, l’alphabet latin y a remplacé l’alphabet arabe1 en 1823 à l’occasion de la traduction de l’Évangile de Saint-Luc, et l’achèvement en 1835 de la traduction entière de la Bible par les missionnaires de la London Missionary Society a permis la fixation de l’orthographe, celle qu’on utilise jusqu’à nos jours. Cela a eu comme conséquence la promotion du dialecte merina au rang de langue nationale et officielle de Madagascar, au détriment des dix-sept autres dialectes, d’une part, et l’installation de la première imprimerie à Tananarive, en 18272, d’autre part.

Dès lors, les activités éditoriales en langue malgache n’ont jamais cessé, évoluant en fonction des politiques éducatives et culturelles mises en œuvre par les gouvernements successifs. C’est ainsi que le gouvernement socialiste au pouvoir dans les années 1970 a lancé une politique de malgachisation de l’administration et de l’enseignement, ce qui a eu pour résultat de multiplier les publications en langue malgache, qu’il s’agisse de textes officiels, d’ouvrages scolaires et universitaires ou d’œuvres littéraires. Malgré tout, compte tenu de la complexité de la situation sociolinguistique de Madagascar, pays où le français et le malgache occupent de façon très déséquilibrée divers espaces, la prédominance du français, du fait de son statut de langue officielle, paraît inévitable dans les domaines administratif et culturel. À Madagascar, on lit davantage de textes écrits en français que de textes écrits en malgache ; et la publication en version malgache de textes publiés en français est plutôt limitée, si bien que la traduction se présente toujours comme un acte de sauvetage, de « résistance » culturelle et patriotique.

Ce constat n’invalide nullement l’utilité, voire la nécessité pour Madagascar de recourir à la traduction comme moyen de découvrir la culture de l’Autre tout en enrichissant sa propre langue. Traduire en malgache des textes écrits originellement en français, en anglais, en allemand ou en espagnol, langues prestigieuses et réputées riches sur les plans lexical et grammatical, peut s’avérer un excellent exercice pour les traducteurs malgaches et est susceptible de combler le fossé culturel entre l’élite intellectuelle qui le plus souvent s’exprime avec aisance dans une ou plusieurs langues indo-européennes et la majorité populaire qui, lui, ne parle que le malgache ou n’a qu’une compétence limitée en français. Toutefois, il convient d’insister sur la nécessité d’éviter toute « guerre linguistique » et de mettre l’accent sur les indéniables avantages du plurilinguisme, plus concrètement de la maîtrise par l’ensemble des Malgaches d’au moins une langue internationale, qui peut être le français.

Dans les années 1990, le désir des intellectuels malgaches de s’ouvrir à l’Autre, de se faire connaître en dehors de l’Île tout en faisant découvrir au public malgache des auteurs étrangers, entraîna une intense activité de traduction et par voie de conséquence, de publication. L’accès à la langue malgache et l’usage du malgache comme langue de transmission des savoirs externes devinrent une préoccupation majeure pour les lexicologues, les lexicographes et bien d’autres chercheurs intéressés par la linguistique, le tourisme, l’anthropologie et la littérature. C’est dans ce cadre que nous avons été amenés à réaliser une traduction en malgache de Crónica de una muerte anunciada3, de Gabriel García Márquez.

Notre choix a été guidé par l’intérêt que nous portions alors au « réalisme magique » et par un certain nombre de ressemblances que nous avons cru percevoir entre Madagascar et la Colombie. En effet, il s’agit là de deux pays tropicaux et surtout de deux peuples pluriethniques et multiculturels. La culture malgache résulte d’un subtil et riche mélange de cultures africaines et asiatiques, auxquelles s’est ajoutée la culture arabo-musulmane. Quant à la Colombie, et plus particulièrement celle de la côte caraïbe où se déroule l’action du roman, García Márquez en vante le fécond métissage dans son ouvrage El olor de la guayaba, où il met en exergue l’héritage espagnol (galicien, singulièrement), indien et africain, et affirme que dans la Caraïbe la réalité est naturellement magique. Un point de convergence remarquable entre les cultures malgache et colombienne est la conception métaphysique du rapport de l’homme au destin, c’est-à-dire l’incapacité de l’homme d’échapper à son destin ou, si l’on préfère, la nécessité de s’y soumettre. L’impossibilité d’accéder à la vérité, la conception à la fois cyclique et circulaire du temps sont d’autres traits culturels communs aux deux peuples.

1. La langue source et la langue cible en question

Le malgache et l’espagnol sont des langues fort éloignées l’une de l’autre, en raison de leurs origines et de leurs typologies, même si elles offrent une certaine ressemblance dans le domaine phonético-phonologique, en ce sens qu’elles présentent toutes deux une correspondance étroite entre la graphie et la phonétique : toutes les lettres prononcées s’écrivent et seuls les sons sont écrits. L’exemple du son/f/, représenté graphiquement par la seule lettre « f » (fianakaviana, familia) en est une illustration. Les autres domaines linguistiques – morphologique, syntaxique et lexico-sémantique – n’enregistrent que des divergences entre les deux langues.
Le malgache, d’origine malayo-polynésienne, est une langue agglutinante4 alors que l’espagnol, langue romane, est essentiellement flexionnel5. La flexion, terme général englobant les termes de déclinaison et de conjugaison, comme l’a définie Georges Mounin, constitue le principal élément séparateur des deux langues : en malgache, un nom ne porte pas en soi graphiquement ou sémantiquement l’idée de genre et de nombre et un verbe ne se conjugue pas. C’est l’une des caractéristiques marquées par la morphologie réduite que le malgache partage partiellement avec l’anglais, dans lequel aucune modification verbale n’est repérée tout au long de la conjugaison, à l’exception de la troisième personne du singulier. Contrairement à ce qui se passe en français et en espagnol, l’absence des morphèmes grammaticaux est bien remarquable en anglais6.

Du point de vue sociolinguistique, aucune comparaison ne peut être établie entre le malgache et l’espagnol. Ce dernier couvre un territoire immense, et est parlé aussi bien en Europe qu’en Amérique et en Afrique. Il jouit d’un grand prestige conféré par l’histoire (Reconquista, conquête et colonisation du Nouveau Monde en particulier), par la religion catholique, par les lettres et les arts. L’existence de la Real Academia Española, de diverses Academias de la lengua dans les pays hispano-américains, et la multiplication des Institutos Cervantes dans le monde contribuent davantage encore à son expansion.

Quant au malgache, qui a été standardisé par les missionnaires britanniques au début du xixe siècle, lors des tentatives coloniales anglaises, il ne cesse de s’enrichir de mots étrangers, empruntés surtout à l’anglais et au français. Son développement est assuré et son figement préservé par des institutions culturelles, dont l’Académie Nationale des Arts, des Lettres et des Sciences située à Tananarive et fondée durant la période coloniale française, et les Départements de Langue et Lettres malgaches de deux universités. Son domaine d’expansion est limité par l’Océan Indien, dans la mesure où son usage officiel est réservé uniquement à Madagascar. Sa présence formelle extérieure reste actuellement confinée à l’Institut National des Langues et Cultures Orientales (INALCO) à Paris où son enseignement est dispensé depuis plus de quatre-vingts ans. Il fait également l’objet de recherche en doctorat dans certaines universités françaises et nord-américaines, notamment dans le domaine du structuralisme.

Notre propos visait à faire appréhender la démarche, toujours périlleuse, que doit engager tout traducteur, quels que soient les langues de travail et le type de texte à traduire. Cette démarche, en ce qui nous concerne, s’avérait d’autant plus épineuse que nous avions affaire à un romancier de renommée mondiale, et que nous devions relever des défis singuliers liés à l’importante distance entre sa langue et sa culture et les nôtres.

La posture du traducteur, siège principal du contact et du transfert entre langues et cultures, était donc au centre de la problématique de notre travail.

2. Ce que traduire implique

Notre objectif au moment d’entreprendre la traduction de Crónica de una muerte anunciada était double : faire découvrir par les Malgaches la littérature latino-américaine, à travers García Márquez, d’une part, et montrer les valeurs expressives de la langue malgache, d’autre part. Se sont alors posées à nous les questions suivantes :

La maîtrise du fonctionnement linguistique du malgache, qui est à la fois notre langue maternelle, la langue de scolarisation et l’une des langues de recherche utilisées à Madagascar peut-elle garantir la réussite de la traduction ?
Les connaissances linguistiques et culturelles acquises en espagnol tout au long du cursus suffisent-elles pour bien comprendre le contenu du roman à traduire ?
Faut-il privilégier le travail sur la langue ou plutôt le travail sur les idées ?
Quel peut être l’apport des différentes théories relatives à la traduction quand celle-ci se fait entre deux langues si éloignées l’une de l’autre ?

Rien n’était évident. La plupart des concepts concernant la langue nous ramènent à l’idée qu’à chaque langue correspondent son vocabulaire et son organisation interne, comme l’a si bien dit André Martinet :

« la langue n’est pas une simple nomenclature […] À chaque langue correspond une organisation particulière des données de l’expérience. Apprendre une autre langue ce n’est pas mettre de nouvelles étiquettes sur des objets connus, mais s’habituer à analyser autrement ce qui fait l’objet de communication linguistique […] Chaque langue articule à sa façon aussi bien les énoncés que les signifiants. »7

La peur de mal traduire hantait la première approche. Le rapport étroit entre la langue et l’expérience humaine peut signifier qu’un traducteur appartenant à un monde autre que celui de l’auteur ne peut exprimer correctement ce que celui-ci formule dans son œuvre. Ce qui rejoint l’idée soutenue par Whorf :

« chaque langue – ou groupe de langues – est indissociablement liée à une certaine représentation du monde, représentation inconcevable en dehors de cette langue. »8

Cette idée très répandue, sur laquelle est fondée la théorie de la relativité linguistique, implique que la langue impose la vision du monde à ses locuteurs et que sa structure elle-même influence l’organisation des connaissances de ces derniers, les privant de la liberté de raisonner. Si c’est vraiment le cas, la bataille dans l’activité traduisante est perdue d’avance.

La traduction de Crónica de una muerte anunciada impliquait que l’on tienne compte de ce qu’il s’agit d’une œuvre en prose qui, comme tout texte narratif, recouvre plusieurs dimensions : les dimensions littéraire, linguistique, informatrice/communicationnelle, et culturelle. D’autre part, le courant du realismo mágico auquel appartient ce roman fait que fiction et réalité s’entremêlent, se chevauchent au point de fourvoyer le lecteur, car ce qui est donné comme réel, lui apparaît incroyable et invraisemblable. En outre, l’acte de traduire lui-même, comme l’a judicieusement développé Henri Meschonnic dans Poétique du traduire (1999), englobe non seulement les langues, mais aussi les textes, des textes qui selon la définition de Paul Ricœur, « constituent les tetures qui tissent le discours »9.

Il en découle que l’analyse littéraire du texte à traduire s’impose, de même que la connaissance de la biographie de l’auteur, des circonstances qui ont amené celui-ci à produire ce « discours ». Cette tâche conduit inévitablement à s’imprégner du style de l’auteur à travers la lecture de ses autres productions littéraires. Une étude comparative des cultures malgache et colombienne s’est avérée, sinon indispensable, du moins utile et intéressante, notamment en ce qui concerne le domaine métaphysique. Elle a été très profitable à la recherche, au plan lexico-sémantique.

3. Domaine lexico-sémantique et culturel

Parmi les difficultés rencontrées, la traduction des tournures idiomatiques qui peuvent relever aussi bien de l’espagnol standard que des américanismes, mérite d’être mentionnée. Citons les deux exemples suivants :

« No beber de esa agua » (Suéltala, blanco – le ordenó en serio. De esa agua no beberás mientras yo esté viva.)10
« Morderse por dentro » (Mi hermana volivió a casa mordiéndose por dentro para no llorar).11

Souvent, par manque d’équivalents en malgache, nous avons été amenés à procéder par explication. Une stratégie qui aboutit parfois à la production de phrases longues et pédantes dans la langue cible, plus particulièrement quand il s’agit de termes relatifs aux traits culturels ou à la civilisation dont les référents sont inconcevables dans le monde malgache. Le cas de « la hamaca » et de « el merengue », que nous reprenons plus tard, peut être cité à ce propos.
Certains objets introduits à Madagascar, mentionnés dans Crónica de una muerte anunciada, ne sont pas encore nommés en malgache et doivent garder leurs noms d’origine, essentiellement français et anglais, pour des raisons souvent sociolinguistiques (mots utilisés uniquement par une classe sociale). Dans ce cas, la traduction par adaptation phonétique en partant du français a été proposée. Ce procédé, qui est d’ailleurs fréquemment utilisé par les lexicologues et lexicographes malgaches, nous paraît, à plusieurs reprises, inévitable. Citons, en guise d’illustration « el ventilador »/(« le ventilateur » = « vantilatera »), « el cubierto »/(« le couvert » = « kovera »). Quelques noms d’animaux n’existant pas dans le pays tels que « el oso »/« ours » = orsa »), « el tigre »/(« tigre » = « tigra ») et « la leoparda »/(« léopard » = « leopara ») ont également subi la même opération lexicale, et cela tout en respectant les règles qui régissent le processus de nominalisation et l’orthographe en malgache.

La recherche des correspondants est prometteuse, mais elle peut également constituer un piège, à cause des différences entre les cultures et les civilisations mises en contact par l’acte de traduire. Le « club social » dont García Márquez fait mention dans son œuvre, par exemple, aura pour correspondant « bara » (adaptation phonétique du mot français « bar ») dans le milieu social malgache. Seulement, ce terme revêt des connotations différentes, voire péjoratives, dans la mesure où il évoque l’indécence et l’immoralité (lieu de rencontre des prostitués et des alcooliques). Opter pour le mot « bara » comme traduction ne serait pas sans risque et serait même une pure trahison du texte en espagnol, car le groupe nominal « club social » contient la notion de « divertissements », comme trait sémantiquement pertinent ; ce qui nous a incités à faire appel à la définition « un lieu de divertissements »12.

Toutefois, la définition n’est pas sans poser problème en ce sens qu’elle ne peut pas rendre toujours les différentes significations, dont les culturelles, révélées dans les acceptions en espagnol. Autrement dit, la définition ne concerne pas la totalité des acceptions de sens d’un mot. Par ailleurs, cette limite est souvent renforcée par l’économie de mots que requiert la traduction. Du fait que le référent colombien est inconnu du lecteur malgache, le mot « hamaca » a été rendu par « kidoro tady voatenona », ce qui signifie littéralement « matelas en filet de corde » et résume les différentes explications des dictionnaires. Or, la matière avec laquelle on fabrique le hamac peut varier d’une région à l’autre.

Cela démontre que les dictionnaires permettent essentiellement d’accéder à la dénotation des termes et rarement à leurs différentes connotations, lesquelles sont d’ailleurs de nature changeante (d’un individu à l’autre ou d’une culture à l’autre) comme l’a bien développé Georges Mounin dans Les problèmes théoriques de la traduction (1963). Cette situation n’est pas sans rappeler la relation qu’entretient la langue avec la vision du monde, précédemment mentionnée : il nous a paru impossible de compléter le sens du mot « hamaca » sans le considérer dans son contexte environnemental.

La définition s’avérant parfois insuffisante, il a fallu recourir à l’emprunt. C’est le cas du mot « merengue », dont le référent est une danse typique de la Caraïbe, et du mot « guerrilla », chargé de connotations sociales et politiques, que nous n’avons pas pu décrire en peu de mots en malgache. Ces exemples amènent à partager l’opinion de Edward Sapir relative à la conception de la langue :

« La langue diffère d’une communauté à l’autre […] et tout comme la culture n’a de sens que pour les membres du groupe qui la reçoivent en héritage des générations précédentes. »13

4. Domaine littéraire et linguistique

Pour ce qui est du domaine littéraire et linguistique, la conception qu’il se fait du temps amène García Márquez à privilégier les phrases longues, difficilement traduisibles, d’autant que la plupart des morphèmes grammaticaux en espagnol doivent être rendus par des éléments plutôt lexicaux en malgache, par manque d’équivalence linguistique. L’opération ne fait qu’alourdir la phrase dans la version malgache jusqu’à la rendre confuse. En voici un exemple :

« Por último, se bebieron la botella en silencio, muy despacio, contemplando con aire lelo de los amanecidos la ventana apagada en la casa de enfrente, mientras pasaban clientes fingidos comprando leche sin necesidad y preguntando por cosas de comer que no exisitían, con la intención de ver si era cierto que estaban esperando a Santiago Nasar para matarlo. »

(Enfin, ils burent la bouteille silencieusement, très lentement, en contemplant avec l’air bête des personnes ayant passé une nuit blanche, la fenêtre sans lumière de la maison d’en face, pendant que des clients passaient feignant d’acheter du lait sans en avoir besoin et demandant des choses à manger qui n’existaient pas, dans l’intention de voir s’il était vrai qu’ils étaient en train d’attendre Santiago Nasar pour le tuer.)

L’unité temporelle et spatiale renvoyant au moment et au lieu de rencontre des frères Vicario avec les autres clients du magasin domine la phrase. Laquelle unité est croisée avec l’idée de durée (usage des éléments grammaticaux « imparfait » et « estar + gérondif » et des éléments lexicaux « muy despacio »), et avec l’idée de simultanéité exprimée par « mientras ». De là est né un problème majeur dans la traduction en malgache de ce roman : les différents temps des verbes (passé simple, imparfait) qui servent à désigner non seulement la temporalité, mais également à déterminer un rapport particulier entre celui qui parle et ce dont on parle dans la phrase espagnole, sont loin d’être explicitement rendus en malgache. La notion de passé reste unique et indivisible dans cette langue qui marque juste le caractère accompli ou inaccompli de l’action. Il en découle que les valeurs temporelles restent inconcevables et inexprimables, de manière grammaticale. L’idée d’antériorité et de postériorité, de ponctualité, de répétition dans le passé ne s’explique que grâce au contexte phrastique ou textuel, si ce n’est par l’usage des déictiques temporels. Le recours aux périphrases verbales est aussi fréquent, voire nécessaire.

Du point de vue syntaxique, l’emphase contenue dans la proposition « el día en que lo iban a matar »14répétée en plusieurs endroits alourdit souvent le texte en malgache. García Márquez, en l’utilisant, a eu pour objectif de signaler que la chronique dont il est question dans le récit est insérée dans le lundi que représente « el día ». Seulement, l’ennui est né du fait que la langue cible présente rarement un long complément circonstanciel de temps au début de la phrase, malgré sa souplesse syntaxique. La forme agglutinante de la langue permet la disparition des pronoms relatifs dans les phrases, car la structure du verbe suffit pour expliciter l’expression d’insistance de ce genre. Cette mise en apposition par l’auteur entraîne souvent dans le roman l’utilisation des pronoms relatifs et des prépositions, éléments producteurs de cacophonie et signes de pédantisme en malgache. Leur suppression a été donc l’une des solutions pour lesquelles nous avons opté afin de respecter le génie de la langue cible, bien que nous soyons conscients que cette démarche, à la lumière des théories relatives aux traductions sourcière et cibliste, est discutable.

Parmi les éléments qui caractérisent la prose de Crónica de una muerte anunciada, nous pouvons souligner l’usage fréquent de figures rhétoriques comme l’oxymoron (« parecían sonámbulos desvelados »15. Ce procédé poétique rend difficile la saisie de certaines phrases ou de certains groupes nominaux et fait surgir un enjeu discursif. N’ayant pas accès à la totalité des circonstances du discours, nous ne sommes pas toujours en mesure de réaliser « l’activité sérielle du langage »16 portant sur la recherche de la signification ou l’implicite du message, et donc devons rester sur la référence à laquelle renvoie chaque mot. S’ajoute à cela la métaphore qui nous plonge dans l’embarras à plusieurs étapes du travail, notamment quand elle révèle, de manière évidente, un phénomène intertextuel comme l’évoque l’épigraphe que l’auteur a empruntée à Gil Vicente :

« La caza de amor es de altanería »17
(Chasse d’amour est chasse de haut vol)

Sur la base de l’étude psychologique des personnages, en particulier de Santiago Nasar et de Bayardo San Román, cette phrase aurait renvoyé à l’idée qu’il ne faut pas jouer avec les sentiments, idée qui peut être appuyée par une autre phrase métaphorique du texte :

« Halcón que se atreve con garza guerrera, peligros espera »18
(Faucon qui s’en prend à héron guerrier est en danger)

En effet, Bayardo San Román qui a décidé de se marier avec Ángela Vicario sans l’avoir aimée est redevenu solitaire après l’avoir répudiée. Quant à Santiago Nasar, accusé d’avoir défloré Ángela Vicario, accusation qui n’a jamais été fondée tout au long de l’œuvre, il est condamné à mourir pour sauver l’honneur de la famille Vicario. Mais cette interprétation aurait pu être erronée si bien que nous avons mis en œuvre la traduction littérale, une stratégie qui aurait réduit l’atténuation de l’effet de style créé par l’auteur.

En outre, le déterminisme, auquel ont recours bon nombre de romanciers réalistes du xxe siècle, apparaît également dans certains passages descriptifs du texte. Cela ne laisse de poser un grave problème au traducteur malgache dans la mesure où les mots crus, les injures, ainsi que certains termes ayant rapport à l’anatomie humaine sont exclus de la littérature malgache d’expression malgache, pour des raisons culturelles liées a la morale chrétienne et à la « sagesse des ancêtres ».

En guise d’exemple, nous allons citer quelques mots dont la traduction en malgache a été légèrement atténuée, bien que leurs équivalents existent, afin d’éviter de choquer les futurs lecteurs, et ce, bien évidemment, au détriment du texte original :

Une injure : « mierda » [¡Estos perros de mierda ! -gritó- ¡Que los maten !]19 qui a été traduit par « mahatsiravina » (« dégueulasse » au lieu de « merde »).

Un terme désignant le sexe : « las pelotas »20 [Qué nadie me joda. Ni mi papá con sus pelotas de veterano]21 qui a été traduit par « filahiana » (la partie qui caractérise l’homme au lieu de « tabory », la traduction de « couilles ».

Il en ressort que le respect de la culture et de la morale nous a contraints à remettre en question la fidélité au texte original. Cette expérience révèle de manière évidente les enjeux linguistiques et culturels ainsi que la dimension sociologique et sociolinguistique de la traduction apparaît évidente. Le malgache, langue qui a une assez longue tradition écrite, conserve son originalité, laquelle peut constituer une loi morale et un code à respecter entre « informateurs ou éducateurs » (auteurs) et « informés ou éduqués » (lecteurs). Le traducteur est confronté au problème de la « résistance »22 de la langue d’accueil, contrainte qui, dans le cas présent, semble même irrémédiable et l’amène à renoncer à servir fidèlement l’auteur. Il se retrouve dans une situation inconfortable, d’autant que sa posture est de nature ambivalente, du fait qu’il veut « forcer des deux côtés, forcer sa langue à se lester d’étrangeté, forcer l’autre langue à se dé-porter dans sa langue maternelle. », comme l’a fait judicieusement remarquer Antoine Bermane23.

Conclusion

Au terme de cet exposé, il nous semble possible d’affirmer qu’aucune traduction d’une œuvre aussi riche que Crónica de una muerte anunciada ne peut prétendre être achevée ni parfaite, quelle que soit la langue cible considérée. La traduction malgache que nous en avons réalisée24 souffre, certes, d’un certain nombre d’imperfections, dues notamment à notre manque d’expérience, à notre connaissance limitée et livresque du référent historique, à la spécificité de la langue dans laquelle écrit l’auteur (l’espagnol de la côte caraïbe), ainsi qu’aux particularités de la culture et de la langue malgaches. Mais le fait qu’elle ait été possible atteste, s’il en était besoin, qu’il n’existe pas de langues « marginales », que toutes les langues se valent et se prêtent à cet exercice difficile, complexe et passionnant qu’est la traduction. Nous pouvons affirmer que si les traductions en malgache sont relativement limitées en nombre, c’est pour des raisons non linguistiques ; c’est essentiellement à cause de la nécessité pour l’élite économique, politique et intellectuelle du pays d’accéder plus rapidement et plus pour une traduction de type cibliste – ou ethnocentriste – qui nous a conduite à tenir compte davantage des particularités linguistiques et culturelles malgaches. À cette époque, nous n’avions pas encore découvert Henri Meschonnic et son ouvrage fondamental Poétique du traduire (1999), et n’étions pas familiarisés avec les concepts d’altérité et d’interculturalité, ce qui explique que nous ayant été tentée par la solution du « repli sur soi », comme si la culture de l’Autre ne pouvait être lue qu’à travers notre propre culture et devait perdre de son extranéité, alors que la culture est, selon Emile Benveniste :

 un ensemble très complexe de représentations, organisées par un code de relations et de valeurs : traditions, religion, lois, politique, éthique, arts, tout cela dont l’homme, où qu’il naisse, sera imprégné dans sa conscience la plus profonde et qui dirigera son comportement dans toutes les formes de son activité […]25.

Cependant, nous devons dire à notre décharge que, bien que sachant pertinemment que le référent de chaque signe linguistique est extralinguistique et exige une ample connaissance de l’environnement, de la culture de l’Autre, au sens aussi bien anthropologique (mœurs, civilisation, rapport avec la nature) qu’encyclopédique (connaissances et savoirs intellectuels) du terme, nous avons été séduite – ou abusée – par un certain nombre de similitudes perceptibles entre la culture malgache et la culture de la Caraïbe colombienne telle que celle-ci est représentée dans Crónica de una muerte anunciada. Nous pensons tout particulièrement à la conception du destin chez García Márquez et chez les Malgaches. En effet, la croyance en une force surnaturelle qui régit la vie de l’être humain, de la naissance à la mort, est profondément ancrée dans la culture malgache, avant même l’introduction du christianisme. L’incapacité d’infléchir le destin s’accentue davantage face à la mort, comme l’évoque le proverbe « raha vintanko faty ny aina tsy azo tazonina ary raha vintan-ko velona, tsy azo sakanana »26, souvent prononcé dans les discours funéraires. Cette idée se retrouve dans l’histoire de Santiago Nasar dont le meurtre a été annoncé au village par les frères Vicario (les frères de Ángela Vicario, la jeune femme répudiée), bien avant qu’il ne se produise, une tragédie que personne n’avait le pouvoir d’empêcher, parce que voulue par la fatalité.

Le roman de García Márquez pose, outre la question proprement culturelle, celle de la langue parlée dans cette partie de la Colombie avec ses particularités lexicales, sémantiques et grammaticales, lesquelles exigent du traducteur qu’il maîtrise certes l’espagnol standard, mais connaisse également le parler de la côte caraïbe de la Colombie. À titre d’exemple, comment traduire la phrase suivante si on ignore la réalité linguistique de cette région ? : « nos hundimos en el manglar de la parranda »27 ?

Traduire Crónica de una muerte anunciada a signifié également pour nous restituer son caractère théâtral ; dramatique, calqué sur la tragédie grecque. Il a fallu pour cela trouver en malgache les mots adéquats, susceptibles de faire naître des sentiments identiques à ceux qu’éprouverait le lecteur hispanophone, ce qui nous a demandé souvent d’adopter une posture double, voire triple, de nous mettre à la fois dans la peau du lecteur de la langue source, du traducteur et du lecteur de la langue cible.

Il nous a fallu faire un effort tout particulier pour exprimer en malgache le caractère poétique du roman, lequel est rythmé par l’alternance quasi régulière du style direct et du style indirect, ainsi que par l’alternance de phrases longues et de phrases elliptiques ou pourvues de verbes intransitifs et impersonnels, sans oublier les cris, les plaintes, les bruits produits par les instruments de musique et les voix des personnages.

Il est évident que s’il fallait, aujourd’hui, traduire de nouveau Crónica de una muerte anunciada, nous proposerions une traduction différente, nourrie par l’expérience et une meilleure connaissance du référent historique, mais aussi et surtout soucieuse de restituer l’altérité contenue dans le texte source, quitte à rendre la traduction quelque peu opaque.
Nous demeurons plus que jamais convaincue que le malgache, langue de la « marge » au regard du « centre » que constituent l’Europe occidentale et ses prolongements américains, est capable de s’ériger en son propre centre, si le peuple qui le parle et dont il exprime l’âme profonde et la vision du monde, a confiance en lui-même et se donne les moyens d’apporter sa contribution à la grande et apparemment irréversible entreprise de mondialisation et de globalisation à laquelle on assiste depuis les dernières décennies du xxe siècle.

1 La langue malgache (l’ancien dialecte merina) fut d’abord transcrite en « sorabe » (littéralement caractère arabe) avant l’introduction de l’

2 La publication des dictionnaires malgaches ou des dictionnaires malgaches/étrangers (malgache/français, anglais, latin) à l’étranger a commencé bien

3 Cf. Gabriel García Márquez, Crónica de una muerte anunciada, (12ème dition), Barcelona, Editorial Bruguera, 1983.

4 Dans les langues agglutinantes, les rapports syntaxiques sont exprimés à l’aide d’affixes juxtaposés à la racine.

5 Dans les langues flexionnelles, les catégories grammaticales du cas, du genre, de l’aspect et de la voix sont exprimées à travers les suffixes

6 Prenonm,entre autres, l’exemple du verbe « to go » au présent de l’indicatif : « I go, you go, she/he/it goes, we go, you go, they go».

7 André Martinet, ÉEéments de linguistique générale, Paris, Armand Colin, 1991, pp.  2-18.

8 Osvald Ducrot et Tzevetan Todorov, Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, ÉEitons du Seuil, Paris, 1972, p.  76.

9 Paul Ricoeur, Sur la traduction (2e édition), Paris, Boyard, 2004, p. 49.

10 Gabriel García Márquez, op. cit., p.  9.

11 Idem, p. 8.

12 Il s’agit de traduction de « toerana fialamboly » en malgache.

13 Jean Caune, Culture et communication, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1995, p. 18.

14 Gabriel García Márquez, op. cit., p. .

15 Gabriel García Márquez, op. cit., p. 6.

16 Patrick Charaudeau, Langue et discours. ÉEéments de sémiolinguistique (théorie et pratique), Paris, Hachette, 1983, 175  ., pp.  6-17.

17 Gabriel García Márquez, op. cit.

18 Gabriel García Márquez, op. cit., p. 05.

19 Ibid, p. 19.

20 Le mot « pelotas » (couilles) a pour équivalent en malgache « tabory », mais on lui préfère « filahiana », très usité voire le seul à être utilisé

21 Gabriel García Márquez, op. cit., p. 0.

22 Paul Ricoeur, en reprenant Antoine Berman, a développé cette notion de « résistance » qui présente une double modalité : celle du texte à traduire

23 Cité dans Paul Ricoeur, op. cit., p. 16.

24 Rappelons qu’elle a été réalisée en 1996.

25 Cf. texte écrit par Emile Benveniste in, Chantal Démonque, op. cit., p.  5.

26 Nous proposons une traduction : « On ne peut retenir la vie d’une personne destinée à mourir comme on ne peut provoquer la mort d’une personne

27 Gabriel García Márquez, op. cit., p. 9.

Achard, Pierre, La sociologie du langage, Paris, Presses Universitaires de France (2ème édition), 126 p., collection Que sais-je ?

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Schleiermarcher, Friedrich, Des différentes méthodes de traduire (traduit par Antoine Berman), Paris, Éditions du Seuil, 1999, 156 p.

1 La langue malgache (l’ancien dialecte merina) fut d’abord transcrite en « sorabe » (littéralement caractère arabe) avant l’introduction de l’alphabet latin si bien que le premier livre malgache transcrit en « sorabe » serait sorti au xiième  iècle.

2 La publication des dictionnaires malgaches ou des dictionnaires malgaches/étrangers (malgache/français, anglais, latin) à l’étranger a commencé bien avant la standardisation du dialecte merina et l’officialisation de l’usage de l’alphabet latin au début du xixème  iècle. Nous pouvons citer par exemple le Dictionnaire de la langue de Madagascar  e Flacourt (1658), le Vocabulaire de Chaulant (1713), le Vocabulaire Anglais-Malagasy (Sakalava) de Drury (1729), le Grand Dictionnaire de Madagascar de Froberville (1815), le Dictionary of the Malagasy language : English and Malagasy de  reeman (1835), le  nglish and Malagasy Vocabulary de  abearana, Ralaizandry, Ralaitafika (1863).

3 Cf. Gabriel García Márquez, Crónica de una muerte anunciada, (12ème  dition), Barcelona, Editorial Bruguera, 1983.

4 Dans les langues agglutinantes, les rapports syntaxiques sont exprimés à l’aide d’affixes juxtaposés à la racine.

5 Dans les langues flexionnelles, les catégories grammaticales du cas, du genre, de l’aspect et de la voix sont exprimées à travers les suffixes ajoutés, appelés habituellement « désinences », au radical d’un mot.

6 Prenonm, entre autres, l’exemple du verbe « to go » au présent de l’indicatif : « I go, you go, she/he/it goes, we go, you go, they go ».

7 André Martinet, ÉEéments de linguistique générale, Paris, Armand Colin, 1991, pp.  2-18.

8 Osvald Ducrot et Tzevetan Todorov, Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, ÉEitons du Seuil, Paris, 1972, p.  76.

9 Paul Ricoeur, Sur la traduction (2e édition), Paris, Boyard, 2004, p. 49.

10 Gabriel García Márquez, op. cit., p.  9.

11 Idem, p.  8.

12 Il s’agit de traduction de « toerana fialamboly » en malgache.

13 Jean Caune, Culture et communication, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1995, p. 18.

14 Gabriel García Márquez, op. cit., p.  .

15 Gabriel García Márquez, op. cit., p.  6.

16 Patrick Charaudeau, Langue et discours. ÉEéments de sémiolinguistique (théorie et pratique), Paris, Hachette, 1983, 175  ., pp.  6-17.

17 Gabriel García Márquez, op. cit.

18 Gabriel García Márquez, op. cit., p.  05.

19 Ibid, p.  19.

20 Le mot « pelotas » (couilles) a pour équivalent en malgache « tabory », mais on lui préfère « filahiana », très usité voire le seul à être utilisé, afin d’éviter de choquer le lecteur malgache

21 Gabriel García Márquez, op. cit., p.  0.

22 Paul Ricoeur, en reprenant Antoine Berman, a développé cette notion de « résistance » qui présente une double modalité : celle du texte à traduire et celle de l langue d’accueil de la traduction. Cf. Paul Ricoeur, op. cit., p. 15.

23 Cité dans Paul Ricoeur, op. cit., p. 16.

24 Rappelons qu’elle a été réalisée en 1996.

25 Cf. texte écrit par Emile Benveniste in, Chantal Démonque, op. cit., p.  5.

26 Nous proposons une traduction : « On ne peut retenir la vie d’une personne destinée à mourir comme on ne peut provoquer la mort d’une personne destinée à vivre ».

27 Gabriel García Márquez, op. cit., p.  9.

Randriamasinony Soloalijaona

Docteur en linguistique
Université des Antilles et de la Guyane
soloalijaona.randriamasinony@martinique.univ-ag.fr

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